Donner pour recevoir imprime une intention particulière dans l'échange qui, sans cela, serait une offrande n'attendant pas de retour. Dans le monde moderne, l'"échange" excède la seule économie. Il désigne tout mouvement correspondant à une intention de réciprocité entre deux individus ou deux groupes. On peut échanger des paroles et des messages au même titre que des biens ou des services.
Dans une société où dominent les échanges, où tout semble avoir un prix, le don pur est-il possible ? Autrement dit, est-il vraiment possible de donner sans rien attendre en retour ? Les échanges, quelle que soit leur nature, sont-ils fondés sur une exigence de réciprocité mécaniste, de l'ordre du « donnant-donnant » ? Cette exigence relève-t-elle d'une simple règle du jeu, ou peut-elle être posée comme un principe moral ? D'autres valeurs, comme celle du don gratuit, ne peuvent-elles pas inspirer moralement les échanges ? (...)
[...] Dans Essai sur le don, Marcel Mauss parle de société "archaïque" où le don appelle le contre-don. Leurs populations expliquent qu'il y a dans la chose échangée, il y a une force magique qui doit circuler et être retournée. Donner en retour, c'est faire revenir la force contenue dans le don à son donateur. Pour Jaques Hénaf, ce n'est pas une force magique qui appelle le don : la chose donnée, qu'il agisse de perle ou d'échange matrimoniaux, n'est que le substitut d'une reconnaissance. [...]
[...] Pour Aristote, le véritable fondement de la valeur d'un produit est l'usage qu'on peut en faire. S'il n'y avait besoin de rien, il n'y aurait pas ou peu d'échange. Mais on peut contredire Aristote en disant qu'il y a des biens d'usage gratuit. D'autre part, on constate que dans les sociétés développées qu'une marchandise qui ne trouve pas d'acquéreur ne perd pas pour autant son prix. Il revient à Adam Smith d'avoir découvert le fondement de la valeur. Dans Recherche sur la nature et les causes de la richesse des nations (1776), Smith affirme que le prix de chaque chose est le travail que coute sa production. [...]
[...] Donner pour recevoir est une loi de la nature régissant les échanges entre systèmes physiques ou vivants, ou c'est au mieux qu'une règle pratique des échanges humains. Mais cela ne peut constituer un fondement moral de l'échange et être postulé comme principe : les formes les plus élevées de l'échange supposent une part de gratuité dans le don, où la réciprocité ne vient pas ternir l'intention de constituer le destinataire de ce don en tant que fin de notre action. [...]
[...] Villiot Megan Donner pour recevoir, est-ce le principe de tout échange ? Donner pour recevoir imprime une intention particulière dans l'échange qui, sans cela, serait une offrande n'attendant pas de retour. Dans le monde moderne, l'"échange" excède la seule économie. Il désigne tout mouvement correspondant à une intention de réciprocité entre deux individus ou deux groupes. On peut échanger des paroles et des messages au même titre que des biens ou des services. Dans une société où dominent les échanges, où tout semble avoir un prix, le don pur est-il possible ? [...]
[...] On peut aussi donner de l'amour pour en recevoir en retour. C'est le principe de tout couple, binôme qui échange des liens, qu'ils soient amicaux ou amoureux. Mais donner n'est pas toujours sans contrepartie. Le don peut aussi être une forme subtile de l'égoïsme. Faire du bien à autrui, c'est se faire du bien à soi-même, c'est une satisfaction personnelle. Le don exige intelligence et délicatesse de la part du donateur afin que le bénéficiaire ne soit ni humilié, ni offensé. [...]
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