L'homme est traditionnellement défini comme la seule espèce vivante pourvue de raison, comme l'animal raisonnable. Cette faculté, présente - en droit en tous les hommes, se caractérise par un double usage, à la fois théorique et pratique, puisqu'elle est à la fois ce qui nous permet de connaître le monde - et ainsi de le dominer - et de nous conduire de manière libre et réfléchie. Tout soumettre à la raison semble alors s'imposer comme la règle, et l'unique moyen d'accomplir véritablement notre nature d'homme. Toutefois la raison rencontre des limites, dans le domaine de la connaissance comme dans celui des valeurs. Faut-il alors accepter ces limites ou tenter à tout prix de les repousser? Plutôt que de chercher peut-être en vain à les combattre ne faut-il pas au contraire favoriser ce qui comme la passion ou la foi échappe en quelque sorte à la législation de la raison? Un monde soumis entièrement à celle-ci ne serait-il pas le pire des mondes possibles? La rationalité toutefois peut s'entendre en plusieurs sens: si l'on ne doit pas tout soumettre au calcul, à la raison ratiocinante, au souci de l'efficacité ne doit-on pas moralement parlant s'incliner toujours devant la raison morale? Et si l'on cultive d'autres penchants n'est-ce pas en dernière analyse parce que la raison elle même ne saurait exiger une soumission stupide parce que trop absolue?...
[...] Doit-on tout soumettre à la raison? L'homme est traditionnellement défini comme la seule espèce vivante pourvue de raison, comme l'animal raisonnable. Cette faculté, présente - en droit en tous les hommes, se caractérise par un double usage, à la fois théorique et pratique, puisqu'elle est à la fois ce qui nous permet de connaître le monde - et ainsi de le dominer - et de nous conduire de manière libre et réfléchie. Tout soumettre à la raison semble alors s'imposer comme la règle, et l'unique moyen d'accomplir véritablement notre nature d'homme. [...]
[...] Mais ne peut-on en un sens s'en réjouir? Est-il nécessaire et est-il souhaitable de tout soumettre a la raison? II. On ne doit pas tout soumettre à la raison Bien que la raison soit un gage indéniable d'efficacité, il n'est pas sûr que tout ce qui fait la richesse, la densité de J'existence humaine, et tout autant que la raison sa spécificité, soit rationnel ou raisonnable. On pensera bien sûr ici aux sentiments, à la création artistique voire à l'invention scientifique. [...]
[...] La raison permet en effet de se débarrasser de tous les sentiments qui font obstacle à la sérénité : peur de la mort, crainte des dieux, désirs vains comme la gloire ou l'immortalité . La philosophie assigne ainsi à la raison une double fonction: une fonction négative, celle de dissiper les fantômes, de vaincre les superstitions, et une fonction positive, celle de déterminer les vrais biens. Son rôle est de nous permettre de goûter en cette vie la félicité des dieux, comme nous le promettait Epicure. [...]
[...] La condition du bonheur auquel tout homme aspire est l'assujettissement de la totalité de sa conduite à la raison. La coexistence des hommes dans des sociétés politiques n'est d'ailleurs possible que par la promulgation de lois prenant en compte la multiplicité humaine, déterminant les conditions selon lesquelles les individus peuvent parvenir à vivre ensemble, calculant donc le rapport le moins désavantageux pour l'ensemble entre les intérêts de chacun et l'intérêt de tous. La domination du seul appétit à l'état de nature, débouche comme ont montré nombre de penseurs politiques et en particulier Hobbes, sur l'état de guerre, le conflit de chacun contre chacun. [...]
[...] C'est en puisant dans les forces de son inconscient, en se laissant aller à la flânerie, à la rêverie, voire en s'opposant au bon sens et au sens commun, que l'on." découvre, que l'on sent, que l'on crée, bref que l'on invente quelque chose de neuf. L'humanité stagnerait donc si son développement ne s'appuyait que sur les forces de la raison. On pourrait même à ce titre défendre les droits de la passion contre les exigences de la raison. Comme l'affirmait Hegel dans La raison dans l'histoire rien de grand ne s'est fait sans passion. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture