Doit-on borner ses désirs ?
Le sens commun condamne tout autant celui qui est « borné » que celui qui « dépasse les bornes », signe que le problème de la discipline des passions n'a pas de réponse immédiate, et, qu'en ce domaine comme dans d'autres, il n'existe pas de recette toute prête. Mais y a-t-il seulement une obligation de borner ses désirs ? Si on oppose « doit-on » au « peut-on », on peut dire qu'il sera difficile de s'obliger à faire quelque chose dont on ne se sent pas capable. Ainsi, si « on doit », c'est que cela doit être a priori possible.
Certes, borner n'est pas limiter, en ce sens que la borne ne préexiste pas à l'acte de borner, et laisse donc la liberté de placer la borne là où la raison jugera bon de la mettre, alors que la limite est déjà là et oblige de toute façon. Borner, ce n'est pas non plus éliminer purement et simplement, mais enclore dans un espace de permission. Si on doit borner ses désirs, cela suppose en effet que le désir est par lui-même un manque sans borne, illimité, et de la sorte difficile à contrôler par la raison, faculté de mesure et de modération. Borner le désir sera donc tolérer que le désir se réalise, sans dépasser la borne au-delà duquel il serait nuisible en déséquilibrant l'individu. Mais si par définition le désir est illimité, borner ne reviendra-t-il pas à nier le désir dans son essence même ?
[...] Mais si par définition le désir est illimité, borner ne reviendra-t-il pas à nier le désir dans son essence même ? Il est évident que si on cherche d'abord ce côté illimité borner est un acte destructeur du désir, et l'obligation de le borner est crime qu'il faut réparer en dépassant les bornes alors que si on cherche à rendre compatible le désir et les autres facultés, borner est une condition indispensable à l'édification équilibrée de la personne humaine. En premier lieu, on doit dépasser les bornes. [...]
[...] Comment ne pas devenir esclave de son désir si on va jusqu'à lui sacrifier la raison elle-même ? Comment ne pas fatalement commettre des injustices si l'on refuse de respecter les bornes ? De fait, l'homme ne vit pas seul, et les désirs illimités des uns, en se confrontant à ceux des autres, dégénèreraient rapidement en guerre de convoitises. Dès lors, n'est-il pas nécessaire, au moins d'un point de vue social, d'envisager de se contraindre à borner ses désirs ? [...]
[...] Doit-on borner ses désirs ? Introduction. Le sens commun condamne tout autant celui qui est borné que celui qui dépasse les bornes signe que le problème de la discipline des passions n'a pas de réponse immédiate, et, qu'en ce domaine comme dans d'autres, il n'existe pas de recette toute prête. Mais y a-t-il seulement une obligation de borner ses désirs ? Si on oppose doit-on au peut-on on peut dire qu'il sera difficile de s'obliger à faire quelque chose dont on ne se sent pas capable. [...]
[...] Borner ses désirs est donc une condition obligatoire pour être un homme juste. Cette action peut être comparée à celle du géomètre qui mesure le champ pour en borner l'étendue et ainsi le comprendre. Conclusion : Si tout le monde dépassait les bornes, la vie sociale deviendrait rapidement un enfer, la satisfaction de l'un devenant l'insatisfaction de l'autre, tout en déséquilibrant intérieurement les actes et la clairvoyance. Il semble donc nécessaire de borner ses désirs à ceux qui se trouvent compatibles avec la réalisation de soi dans la société, chose que du reste l'éducation dès l'enfance s'applique à réaliser. [...]
[...] Borner le désir, c'est refuser de l'assumer totalement, donc, quelque part, le refouler par une censure. Ainsi existe-t-il toujours, exacerbé, dans l'inconscient, comme l'a montré Freud, et finit par remonter inévitablement, de manière déguisé, à la conscience, ce qui peut provoquer des perturbations dans le comportement, c'est-à-dire l'inverse d'un équilibre rationnel, si celui-ci n'est pas détourné correctement dans une activité compensatrice (déplacement ou sublimation). Vivre, enfin, c'est avoir de l'expérience. Cette expérience est celle du risque des aléas de la vie, des accidents et des confrontations. [...]
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