L'opinion, du latin opinare « émettre une opinion », se définit comme étant un avis, un jugement porté sur quelque chose ou quelqu'un, elle s'oppose à la pensée intelligible de la connaissance critique et rationnelle. Elle est par essence propre à chacun puisqu'elle relève d'une croyance, d'un assentiment, on assiste donc à une diversité des opinions.
La vérité quant à elle est une notion qui se distingue de celle de réalité en ce sens qu'elle n'est pas indépendante de l'homme puisqu'elle est de l'ordre du discours, elle se définit comme étant l'adéquation entre le réel et le discours. La vérité n'est donc ni un fait, ni une donnée : au contraire, elle doit toujours être recherchée.
D'emblée, l'opinion, parce qu'elle n'est pas prouvée mais variable selon les personnes, paraît ainsi s'opposer à la vérité ; pourtant, soutenir une opinion, c'est tenter de s'élever vers l'objectivité en cherchant à produire un discours partagé parce que cohérent et ajusté à son objet. Néanmoins, se demander si la diversité des opinions ne permet pas d'aboutir à la vérité, c'est sous-entendre que nous ne trouverons jamais la vérité absolue. Certes, les expériences de chaque individu le font progresser différemment dans sa réflexion et par conséquent dans son opinion, mais est-il pour autant légitime d'admettre que la diversité des opinions rend vaine la recherche de la vérité ? Ou bien la vérité peut-elle résulter du conflit des opinions et des connaissances ?
[...] Ainsi, il apparaît qu'aucune opinion n'a de valeur, car toutes sont trompeuses : cette démarche rejoint celle des sceptiques, qui dans leur volonté d'établir une vérité ferme et indubitable, posaient que la seule attitude logique et rationnelle face aux opinions et à leur éternel conflit consiste à suspendre son jugement, autrement dit à ne pas se décider en faveur de l'une ou de l'autre. Dans le même sens, le consensus des opinions du plus grand nombre semble remettre en cause l'efficacité de la diversité des opinions pour la recherche de la vérité. En effet, le consensus revient à dire qu'une idée, pour être vraie, doit être largement partagée parmi les hommes, si ces derniers s'entendent globalement pour penser que telle opinion est vraie, c'est qu'elle doit l'être. [...]
[...] En effet, les énoncés à chacun sa vérité ou à chacun son opinion impliquent que la vérité peut être considérée comme subjective, chacun pouvant disposer d'une vérité qui ne serait que la sienne. Or dans ce cas, ce n'est plus une vérité. Une réalité s'impose d'autre part : dans le domaine personnel, on recherche tout ce qui tend vers le vrai, la vérité, et les opinions constituent plus qu'un réel degré de savoir dans la quête de vérité, elles sont un degré de connaissance. [...]
[...] Comme le dit Descartes, il est besoin quelquefois de suivre des opinions que l'on sait fort incertaines on accepte le probable pour éviter un trop grand doute. L'exemple le plus parlant est celui des jurés dans un procès qui doivent se prononcer sur la culpabilité ou pas d'un accusé : les opinions sont différentes et incertaines, bien qu'il y ait certaines preuves. Certes, ce sera ici l'opinion majoritaire qui l'emportera, mais parfois, la diversité d'opinions est telle que le dossier est réouvert et que l'on recherche de nouvelles preuves pour cette fois aboutir à une vérité indéniable : ceci montre bien que la diversité des opinions ne rend pas toujours vaine la quête de vérité. [...]
[...] La rationalité philosophique et scientifique, telle qu'elle apparaît chez les Grecs vers le VIe siècle av. J.-C., se donne d'emblée comme un combat contre l'opinion : la doxa. Et pour cause : il est vrai que les opinions ont un caractère dangereux, puisque ce ne sont pas de véritables pensées, pour elles tout va de soi. Mais leur absence de doute ou d'inquiétude n'est pas l'expression d'une certitude issue d'un examen rationnel, elles traduisent plutôt une adhésion spontanée, habituelle et non réfléchie aux apparences et aux croyances, ce qui peut amener aux préjugés et aux erreurs. [...]
[...] C'est ce qu'affirme Descartes dans le Discours de la méthode : il dit que l'opinion est toujours regrettable, car elle empêche l'exercice de la pensée et aveugle l'esprit à force de contrecarrer la recherche de la vérité. Un autre argument nous incite à nous méfier des opinions : leur caractère irrationnel. En effet, l'origine des opinions ne semble pas résider dans la raison, mais plutôt dans les passions, les sentiments. Platon montre ainsi qu'un rhétoricien comme Gorgias se dit capable de modifier les opinions des individus grâce à la puissance de son langage. [...]
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