La diversité culturelle, des grandes découvertes aux phénomènes de mondialisation et aux réseaux informatiques planétaires

Résumé du document

La notion de diversité culturelle fait l'objet de débats, d'autant plus nombreux récemment que cette diversité apparaît menacée plus qu'elle ne l'a jamais été dans le passé, d'où la multiplication des interrogations sur les moyens de la préserver. On peut comparer dans une certaine mesure cette prise de conscience avec celle qui s'est produite simultanément sur la question de la biodiversité, largement mise en avant dès le sommet de Rio en 1992. Dans les deux cas, les évolutions en cours sur toute la planète, qu'elles soient biologiques ou culturelles, menacent d'appauvrir considérablement le patrimoine constitué antérieurement et encore largement intact au XIXe siècle ou même au début du XXe (...)

Extraits

[...] Dieu sait combien déraisonnablement, le plus souvent Il chercha ainsi à montrer que les peuplades cannibales, en dépit de l'horreur qu'elles suscitaient en Europe, ne devaient pas forcément être considérées comme inhumaines. Rappelant les très douloureux supplices qui sont alors infligés par ses contemporains aux personnes accusées d'un crime, ou à plus forte raison condamnées, il se demanda s'il valait mieux Manger un homme mort ou le manger vivant Cet effort de compréhension parfois ainsi poussé à l'extrême vaut surtout pour les valeurs positives, notamment au plan intellectuel, des grandes cultures étrangères qui ont déjà influencé la région du monde où elles se sont développées : Voltaire en particulier érigea le sage chinois en modèle de réflexion et d'équilibre ; Rousseau, qui exaltait la proximité de l'individu avec la nature, fut largement à l'origine de l'idée de bon sauvage qui connut une vogue réelle dans les décennies ultérieures ; Diderot quant à lui vanta la profonde liberté de moeurs dont les habitants du Pacifique Sud donnaient l'exemple, en particulier en matière amoureuse. [...]

[...] Il permet aux individus d'être reliés au réseau mondial de télécommunications dans tous leurs déplacements et, parfois, d'accéder au contenu d'Internet. Alors que les systèmes retenus pour les images de télévision analogique Secam en France et PAL aux États-Unis étaient incompatibles, le nouvel alphabet de la communication multimédia, polyglotte, instantanée et universelle créé à base de 1 et de 0 par cette révolution numérique facilite la traduction automatique et la compatibilité entre les systèmes de télécommunications du monde entier. De ce fait, l'internaute curieux peut, en allant de site en site, prendre connaissance beaucoup plus facilement que par le passé de cette diversité culturelle, sans même quitter, le cas échéant, son domicile. [...]

[...] Certes, l'intérêt pour des civilisations différentes et l'attrait de l'exotisme sont beaucoup plus anciens : les recherches sur le passé de la Chine ont ainsi mis en lumière la curiosité des Chinois pour les peuples allogènes et barbares ceux qui ne relevaient pas de la domination politique directe de l'Empire du Milieu On le remarque par exemple au nombre de statuettes qui représentent des hommes ou des cavaliers barbares, en costume mongol en particulier. Partant de la Chine pour aboutir sur les marchés de l'Europe occidentale, la route de la soie crée des contacts au moins sporadiques ou minimaux entre des populations très différentes. Marco Polo nous a laissé sur ce point un témoignage admirable de l'un des esprits les plus ouverts de l'Europe de ce temps, alors qu'aucun Occidental ou presque ne s'aventurait dans ces régions. [...]

[...] Les échanges accrus et diversifiés qu'ils permettent favorisent l'émergence de formes culturelles nouvelles apparues au carrefour de traditions multiples. Dans une large mesure, cela compense l'émiettement ou la disparition de traditions de toute façon vouées à dépérir avec l'organisation socio-économique préindustrielle qui avait permis leur constitution. En ce sens, la diversité culturelle apparaît aujourd'hui beaucoup moins menacée sans doute que ne l'est la biodiversité en raison de l'incontestable disparition de très nombreuses espèces vivantes. Les formes culturelles qui disparaissent étaient en général irrémédiablement handicapées par le faible nombre d'individus qui les faisaient vivre, par l'absence de culture écrite pour les appuyer, ou encore par un lien très fort avec un type d'organisation économique antérieure à la révolution industrielle. [...]

[...] L'imprimé révolutionna les mentalités, non seulement des couches sociales dominantes, mais aussi du plus grand nombre, jusqu'alors largement tributaire des mouvements d'idées répandus par voie orale, par la chanson, les rumeurs, la prédication religieuse ou les réunions politiques sur la place publique. Il n'en reste pas moins que l'apparition et le développement de l'ordinateur et de l'informatique dans le courant du XXe siècle constituent une rupture radicale, qui permet des avancées insoupçonnées jusqu'alors. La transcription et la reproduction de la pensée par des moyens numériques (toute donnée peut être traduite en une suite de 1 et de plutôt que par les techniques analogiques (le disque microsillon, la cassette vidéo ou le film sur pellicule) donnent naissance à une révolution intellectuelle et culturelle qui pourrait s'avérer au fil du temps plus importante encore que celle engendrée par l'imprimerie. [...]