Dissertation de philosophie sur le sujet suivant : « Soigne-t-on un être vivant comme on répare une machine ? »
[...] Le soin a donc forcément une part de réductionnisme, au risque d'être lui-même réduit à une simple improvisation. Mais il a forcément aussi un aspect unique dans chaque être vivant traité, chacun étant irréductible et créateur. Cela dit, les progrès de l'intelligence artificielle permettent de retourner cette problématique : si un jour elles sont capables de créativité, faudra-t-il réparer les machines comme on soigne les hommes ? [...]
[...] Dès lors, comment pourrions-nous soigner un être vivant comme on répare une machine ? Si les enjeux sont si différents, alors la personne qui soigne aura forcément une approche différente. De plus, les compétences nécessaires au soin d'un être vivant sont différentes. Dans la relation patient-médecin, des aspects sociologiques et psychologiques entrent en jeu et modifient la relation. A l'inverse, celui qui répare une machine est un ingénieur ou un technicien à qui il suffit de maîtriser des règles mathématiques, physiques, mécaniques pour corriger le dysfonctionnement. [...]
[...] Soigne-t-on un être vivant comme on répare une machine ? L'essor de l'intelligence artificielle aujourd'hui amène à essayer de calquer le raisonnement des machines sur l'esprit humain, à la manière dont certains philosophes tendent d'analyser l'esprit humain comme une machine n'effectuant que des raisonnements logiques. Ne peut-on pas voir là une lointaine influence du mécanisme cartésien, qui traite le vivant comme une machine ? Un être vivant est une entité animée et qui peut mourir. « Animé » vient d'anima qui signifie souffle vital, puis âme. [...]
[...] Au contraire, la particularité d'un organisme est d'avoir son principe d'organisation, sa fin en lui-même. Pour Kant, il y a une finalité dans la nature : l'un être vivant est régi par sa propre fin, en vertu de laquelle il est possible de l'étudier, dans une certaine mesure, selon des lois, qui sont les siennes propres. Le programme, notion introduite par la génétique avec l'ADN, permet de rendre compte de la créativité qui caractérise la vie, qui permet au vivant de se réorganiser indéfiniment, sans faire intervenir de finalité extérieure au vivant. [...]
[...] Dans sa théorie des animaux-machines, Descartes opère ce réductionnisme et traite les êtres vivants comme des animaux inertes, indépendants d'une âme qui serait imprévisible. Si les êtres vivants sont des machines, alors ils perdent tout caractère mystérieux et il est possible de travailler sur eux et d'établir des règles. Soigner un vivant s'identifie, sous cette hypothèse, à réparer une machine. C'est à la suite du mécanisme cartésien que sont apparues l'idée de greffer des organes aux êtres vivants ainsi que les greffes d'organes artificiels. [...]
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