Pour la société utopique esquissée par Tommaso Campanella, dans la Cité du Soleil, l'État, incarné par quelques individus soigneusement sélectionnés au sein de la population, réglemente chaque aspect de la vie sociale, jusqu'aux modalités de procréation, homme et femme s'unissant selon les critères institués par une loi qui se veut instituée pour le bien de la communauté. Ainsi, dans les différents exemples de sociétés utopiques (de « eu-topos » loin du monde, ou « a-topos », non lieu, inexistence) développés au XVIème siècle ou au XVIIème siècle, la vie de la société, jusqu'à ses moindre détails, semble réglementée par l'Etat. Toute individualité, toute marque distinctive est bannie, l'individu s'efface ainsi au profit du bien collectif, et n'est qu'un moyen en vue de réaliser l'intérêt général. Paradoxalement, c'est à la lecture des dystopies du XXème siècle que l'impossibilité de telles sociétés apparaît : aucune évolution, aucune perspective d'avenir dans ces systèmes utopiques niant toute capacité d'auto-détermination de l'homme. Peut-on ainsi dire que la puissance étatique s'oppose à la vie humaine en société ?
[...] En cela, l'homme est un animal politique, et non pas un animal grégaire, comme l'abeille ou la fourmi, et c'est par l'action politique que l'Homme réalise sa pleine liberté, son pouvoir d'auto détermination absolu.
En effet, comme le souligne par exemple Hannah Arendt dans La Condition de l'Homme moderne, si la société est une condition nécessaire à la réalisation de la nature de l'homme, ce n'est pas une condition suffisante : l'homme en société ne réalise pas toujours sa nature, car la seule action pouvant inscrire l'Homme dans l'Histoire est l'action politique, qui n'est permise que par la Cité politique. L'action politique est l'action humaine id est mettant en relation des individus particuliers, est c'est dans la relation humaine que l'homme se sent exister en tant que tel, peut déployer ses qualité propres, celles d'un être de raison, voué à nouer avec les autres des rapports d'amitié et de justice (...)
[...] Elle mènera à une dictature du prolétariat, état transitoire menant au véritable communisme, l'Etat dépérissant de lui même, c'est-à-dire une société sans classes, sans propriété privée. Ainsi, on peut dire que la société moderne s'oppose à l'Etat, en cela qu'il s'appuie sur une valeur dont la définition a évolué : la liberté des Anciens étant différente de l'idée de liberté telle que la conçoit la société moderne, l'Etat apparaît en effet comme une restriction de la liberté au sens moderne du mot. Mais la suppression de l'Etat ne peut-elle pas instituer la loi du plus fort ? Quelle justice dans une société sans Etat ? [...]
[...] Pour les pousser à l'autodestruction, il va prétendre que ce qui fait valeur dans l'existence, c'est de se forcer à l'encontre de ses instincts, et en particulier, il va considérer comme mauvais les rapports de conflit avec les autres. Par là, on peut dire que l'homme faible prétend améliorer l'homme alors qu'il ne s'agit que de le soumettre. Séduit et trompé, l'homme fort se soumet à la mutilation volontaire de ses instincts. On le culpabilise pour mieux le soumettre en lui faisant croire qu'il fait le mal. [...]
[...] Sans sub- lunaire ainsi, il n'y aurait pas de figure glorieuse de l'Histoire puisque il n'y aurait pas d'Histoire : nous ne serions que des abeilles organisées, sans conscience de notre histoire. En cela, l'homme est un animal politique, et non pas un animal grégaire, comme l'abeille ou la fourmi, et c'est par l'action politique que l'Homme réalise sa pleine liberté, son pouvoir d'auto détermination absolu. En effet, comme le souligne par exemple Hannah Arendt dans la Condition de l'Homme moderne, si la société est une condition nécessaire à la réalisation de la nature de l'homme, ce n'est pas une condition suffisante : l'homme en société ne réalise pas toujours sa nature, car la seule action pouvant inscrire l'Homme dans l'Histoire est l'action politique, qui n'est permise que par la Cité politique. [...]
[...] On verra alors que l'Etat peut être considéré comme la négation de valeurs caractérisant la société moderne, et qu'en cela, la société moderne s'oppose à l'Etat moderne, en tant que somme d'individu désirant réaliser leur liberté individuelle. On verra enfin en quoi alors en quoi la société moderne ne peut s'opposer à l'Etat, en cela que la disparition de l'Etat instituerait une société qui ne peut être posée pour fin de l'Homme en tant qu'être caractérisé par son pouvoir d'auto-détermination. [...]
[...] Pour autant, cette entrave semble être un moindre mal en vue de la réalisation de l'homme, car céder à un mouvement anarchiste résulterait en un triomphe de la morale du troupeau, morale du troupeau qui ne peut être considérée comme fin d'une société. Mais l'homme ne tend-il pas, de toutes façon, et par un processus extorqué de la Nature, de façon asymptotique vers la moralité dans une constitution politique juste, comme le suppose Kant dans l'Idée d'une histoire universelle d'un point de vue cosmopolitique ? [...]
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