Certes c'est une idéologie qui fonde la science et peut donc l'instrumentaliser, toutefois la science constitue un moyen de dépasser ladite idéologie ...
[...] En retour, science et idéologie transforment la société dont elles sont le résultat en ce sens que le moulin à bras vous donnera la société avec le suzerain ; le moulin à vapeur vous donnera la société avec le capitalisme industriel (K.Marx, Misère de la Philosophie, deuxième observation Au-delà de cette perspective déterministe, l'hypothèse selon laquelle la science serait le fruit d'un regard sur une époque donnée est envisageable et fait écho à la définition de l'illusion transcendantale chez Kant, dans la Critique de la Raison Pure. Cette illusion tient dans la projection du sens interne de l'observateur / scientifique sur le donné environnant. S'il on admet que la science est un produit déterminé historiquement et socialement, alors elle dérive de l'idéologie en ce que cette dernière constitue la grille de lecture les lunettes bleues la structure a priori que l'observateur / scientifique va projeter sur l'objet, le pliant aux catégories de son esprit lui-même déterminé. [...]
[...] Ceci a pour conséquence de créer une grille de lecture scientifique qui a vocation à l'explication globalisante. A ce titre, le scientisme propose un système complet, philosophique, économique, social et politique. A.Comte y énonce l'idée selon laquelle la politique ne peut qu'être subie car elle est une science ayant pour objet la paisible détermination des devoirs personne n'ayant aucun droit proprement dit La science telle qu'elle est pensée dans le scientisme est bel et bien une idéologie dans la mesure où elle a vocation à expliquer l'ensemble du monde postulé comme entièrement étudiable, débouchant, de la sorte, sur un conservatisme étroit, voire un despotisme spirituel et temporel du fait de son caractère totalisant, ne souffrant pour ainsi dire pas la contradiction. [...]
[...] Kühn dans La Structure des révolutions scientifiques mais ce paradigme est relatif. Il autorise de cette manière une approche souple et changeante, la vérité n'étant pas univoque, susceptible qu'elle est de changer au fil des découvertes et des époques par évolution et révolution. La physique quantique au début du XXème siècle allait faire voler en éclats le rigide carcan déterministe. Le hasard et la fantaisie vont rentrer en force dans un monde où tout était minutieusement réglé. La stimulante incertitude va remplacer l'ennuyeuse certitude. [...]
[...] A l'intérieur du champ circonscrit de cette manière, le scientifique a une marge de liberté importante qu'il peut utiliser pour faire pencher le champ dans telle ou telle direction. Enfin, il est des domaines comme les mathématiques et la physique où la science est déconnectée dans sa totalité de l'idéologie. Newton, Einstein n'ont pas pensé leurs découvertes à l'aune d'une idéologie quelconque. Affirmer que 1+1 = 2 n'est pas non plus le signe d'adhésion à une idéologie donnée ! Est-il possible d'envisager une science anti-idéologique ? La science, à notre époque, est une approche maîtrisée du monde et non une vérité absolue. [...]
[...] Les dérives de cette instrumentalisation, pour terrifiantes qu'elles soient, n'en demeurent pas moins d'une implacable logique. Il existerait ainsi une génétique marxiste pour le régime soviétique, avec les découvertes de Lytschensko, tandis que le régime nazi se fonde sur l'inégalité raciale érigée en doctrine scientifique pour créer des lois discriminatoires (les lois raciales de 1935) et justifier plus tard le génocide. A l'inverse, l'idéologie peut juguler la science pour éviter une remise en cause des dogmes tenus pour vrais. Il en va ainsi en 1600 de la condamnation à mort de G. [...]
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