L'économie politique de Rousseau, entre classicisme et modernité

Résumé du document

Cette dissertation de 2290 mots tente expliquer le paradoxe inhérent à l'oeuvre rousseauiste, mêlant modernité et thèses passéistes. Ainsi, J.J. Rousseau a une interprétation antique de la liberté et une conception archaïque de l'économie. Cependant, sa philosophie est résolument moderne dans la mesure où elle affirme l'autonomisation du politique.

Extraits

[...] juger la modernité de Rousseau sur la simple appréciation de son discours économique). Pour ce qui est de l'actualité du concept d'intérêt général, il est communément évoqué dans n'importe quel débat politique, quoique son contenu soit toujours aussi flou. Chez les Grecs tout ce que le peuple avait à faire il le faisait par lui-même; il était sans cesse assemblé sur la place. Il habitait un climat doux, il n'était point avide, des esclaves faisaient ses travaux, sa grande affaire était sa liberté [ ] Quoi! [...]

[...] L'artificialisme et l'inefficacité du lien économique Chez Rousseau, contrairement à Montesquieu, le développement du commerce ne conduit pas à l'adoucissement des mœurs. Ainsi, les individus sont à la fois tous dépendants et concurrents. Dépendants les uns des autres, ils ne peuvent pas se faire de mal. Mais puisqu'ils sont concurrents, ils ne se veulent pas de bien et ils peuvent même se haïr. L'échange monétaire amène ainsi les hommes à se comparer, à se jalouser et à s'envier, et à ne rechercher la reconnaissance d'autrui qu'à travers le luxe et les signes extérieurs de richesse. [...]

[...] Cela dit, si des philosophes comme Hobbes ou Locke sont plus facilement récupérable par la pensée économique contemporaine [Mathiot], c'est peut être parce qu'une discipline à prétention scientifique, si elle refuse de se réduire à la métaphysique, se doit d'expliquer les phénomènes sociaux à partir de ce qu'ils sont, et non pas à partir de ce qu'ils devraient être. Construire des théories descriptives de la réalité à partir d'énoncés normatifs est une méthodologie précisément anti-scientifique[2]. En ce sens, l'actualité de l'œuvre de Rousseau est peut être plus sensible en philosophie morale, notamment avec J. Rawls (bien que, pour l'essentiel, le propos de Rousseau n'est pas de dénoncer l'injustice de la société dans laquelle il vit). une pensée révolutionnaire ? L'œuvre de Rousseau peut apparaître moderne au regard de plusieurs éléments. [...]

[...] Les biens de luxe caractérisent ainsi, chez Rousseau, la décadence morale de la société dans laquelle il vit. Outre la subordination de l'économique au peuple souverain, qui permet d'affirmer le primat du politique, les caractère arguments anti- économiques de Rousseau permettent à la pensée politique de s'autonomiser grâce à l'authenticité de l'individualité qu'elle met en jeu. La modernité de l'œuvre de Rousseau L'actualité de Rousseau peut être pensée dans sa tentative d'autonomiser le discours politique du discours économique et dans certains éléments novateurs de son œuvre l'affirmation d'une pensée politique autonome S'il est vrai que la philosophie politique ne tire aucun profit direct des arguments anti-économiques[Mathiot], ils permettent cependant à Rousseau de souligner l'artificialité et les contradictions de la société et des individus qui la composent. [...]

[...] Je n'entends point par tout cela qu'il faille avoir des esclaves ni que le droit d'esclavage soit légitime, puisque j'ai prouvé le contraire.» [Du contrat social, livre III, chapitre 15]. Cependant, il convient de remarquer que la base psychologique retenue pour axiomatiser le comportement individuel doit beaucoup à la démarche introspective, qui renvoie à un construit socio-historique et non pas à l'homme dans la vérité de la nature En revanche, c'est une conséquence psychologique. Cf. : Chapitre 10, livre II, Du contrat social. [...]