A la fois libérateur et thérapeutique, le rire clownesque revendique le droit à l'erreur ainsi que la capacité d'autodérision. Néanmoins, cette assertion de Martine Baisez avait tout son sens avec l'avènement des clowns.
Peut-on dire que cette forme d'humour est en déperdition dans la société contemporaine ?
Pour ma part, je pense qu'elle tend à disparaître puisque tout le monde ne rit plus des mêmes choses et de la même manière de nos jours.
En effet, les monologuistes actuels se distinguent nettement de leurs précédents homologues. Selon moi, leur façon d'aborder les sujets est devenue trop simpliste et superficielle. A mon sens, il n'existe quasiment plus d'humoristes notables par un comique de personnage et un comique de gestes comme l'étaient Coluche, Devos, Bourvil et De Funès. Ainsi, comme le souligne très bien Jean-Marc Parisis dans son article intitulé "Que reste-t-il de Coluche ?", paru en 2007 dans Le Figaro, les professionnels du rire avaient à l'époque une force persuasive du rire qui n'a plus lieu d'être aujourd'hui. D'après le journaliste, seul Coluche arrivait à traiter les sujets polémiques d'une façon humoristique sans déclencher les foudres de la société. A l'heure actuelle, il est clair que les sketchs satiriques à son image seraient censurés pour ne pas choquer afin de rester dans le « politiquement correct ». Il n'y a qu'à prendre pour exemple la déprogrammation express de Stéphane Guillon sur France Inter suite à ses critiques sur le système politique de Nicolas Sarkozy provoquant l'indignation d'autres humoristes tels que Guy Bedos, Patrick Timsit ou encore Christophe Alévêques.
Par ailleurs, il semblerait qu'il n'est plus tellement facile de rire de soi-même dans la société moderne. Effectivement, Philippe Caubère, dans son article intitulé "Le Rire de résistance de Diogène à Charlie-Hebdo", paru en 2007, montre qu'il existe aujourd'hui un « rire de collaboration » qui serait semblable à un rire sarcastique car les personnes n'ont guère de dérision. Y a-t-il menace sur le droit à la dérision ? (...)
[...] Ainsi pour revendiquer la liberté d'expression prévue dans la Constitution de 1958, Charlie-Hebdo a contre-attaqué en s'associant avec le journal Libération pour un droit au blasphème et clamer sa liberté de dérision Je comprends, pour ma part, que la religion est sacrée pour les croyants mais je déplore totalement ces actes de violences car ils menacent la liberté d'expression et tuent toutes formes de rire. En effet, chacun est libre de rire de ce que bon lui semble et de n'importe quoi. Par exemple, je semble tout à fait normal que Dieudonné ait été censuré pour des sketchs antisémites car ceux-ci ne faisaient qu'alimenter la haine raciale entre les ethnies. [...]
[...] Selon moi, leur façon d'aborder les sujets est devenue trop simpliste et superficielle. A mon sens, il n'existe quasiment plus d'humoristes notables par un comique de personnage et un comique de gestes comme l'étaient Coluche, Devos, Bourvil et De Funès. Ainsi, comme le souligne très bien Jean-Marc Parisis dans son article intitulé Que reste-t- il de Coluche paru en 2007 dans Le Figaro, les professionnels du rire avaient à l'époque une force persuasive du rire qui n'a plus lieu d'être aujourd'hui. [...]
[...] C'est le cas lorsque Caroline Simonds et Bernie Warren relatent dans Le Rire Médecin, Journal du docteur Girafe, paru en 2001, que le rire peut être thérapeutique à l'hôpital. Ainsi, ils ont formé le duo de Clown Blanc et de l'Auguste auprès d'une jeune fille malade, Elisabeth. Ils ont remarqué par la suite que plus l'Auguste souffrait, moins la jeune malade avait mal, comme si la douleur pouvait se transposer d'une personne à un autre, atténuant ainsi les tensions. La vie est belle de Roberto Begnini, sorti en 1998, est également un exemple que je peux citer : Guido va tout faire pour transformer le camp de la mort en un jeu amusant pour éviter l'horreur de ce lieu à son fils. [...]
[...] Y a-t-il menace sur le droit à la dérision ? C'est ce à quoi s'interrogent Gilles Renault et Bruno Icher dans leur article paru sur Libération, Quand les politiques bouffent du bouffon, en 2010. Ainsi, ils expliquent que les humoristes les plus médiatisés ne traitent jamais de politique aujourd'hui, comme Gad Elmaleh, et, veillent à s'en tenir à un registre consensuel pendant que les Guignols de Canal+ ne font plus aussi souvent scandale qu'il y a vingt ans. A mon avis, le droit de dérision est véritablement menacé. [...]
[...] Ainsi, ils ont su renverser les valeurs établies par la société en prouvant que l'on peut avoir grandit dans des cités mais réussir dans le futur. Au terme de notre réflexion, je pense bien que le rire clownesque est menacé dans la société contemporaine. Les professionnels du rire ont changé, leur façon de jouer a évolué et les sujets sont devenus plus sensibles. En fait, il y a plus de retenue de leur part, peut être, pour une question de morale vis-à-vis des politiciens ou des mœurs. [...]
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