Pour être un artiste, il semble normal d'acquérir un certain savoir-faire, une technique artistique. Le terme savoir-faire est la combinaison de deux verbes à la forme infinitive : « savoir » et « faire ». L'un voulant exprimer la connaissance, l'autre représentant l'action d'entreprendre. Ensemble, ils signifient la capacité d'appliquer le savoir acquis. L'artiste doit donc compter, dans ses qualifications, le savoir-faire. Mais peut-on dire que toute personne ayant réussi à appliquer une connaissance est un artiste ? Nous pouvons différencier un artiste d'un artisan, et cela par la touche de génie qu'intègre l'artiste à ses oeuvres. Le savoir-faire ne serait donc pas la caractéristique première de l'artiste, mais seulement un point commun entre l'artisan et l'artiste.
Reconnaître un artiste, c'est le distinguer grâce à certains caractères, ou bien retrouver dans sa mémoire le souvenir de quelqu'un ou quelque chose. Sommes-nous donc capables réellement de reconnaître un artiste ? Encore faut-il pouvoir distinguer la touche originale et personnelle qu'il apporte, ou bien comparer l'artiste et son oeuvre avec quelque chose de préexistant. Ce point est paradoxal, car l'artiste peut ne pas être reconnu si son oeuvre est nouvelle car nous devons apprivoiser cette nouveauté, la distinguer des modèles que nous avons et les avis peuvent diverger à ce sujet. Pourtant, l'artiste a besoin de la reconnaissance de son public et cette difficulté à repérer un artiste a pour conséquence l'absence de gratitude pour l'artiste.
A quoi peut bien servir la connaissance si elle ne s'accompagne pas du fait d'accomplir la chose en elle-même ?
Comme toute activité, l'activité artistique a une dimension technique impliquant règles et savoir-faire. Peindre, sculpter, sont de réels métiers. (...)
[...] C'est une sorte de savoir-faire novateur qu'il développe. Le principe des contraintes artistiques est donc toujours présent dans la création d'œuvres d'art. L'artiste crée, il n'invente pas, ni ne découvre. L'invention surplombe la découverte, qui est le fait de trouver quelque chose de préexistant. De plus, la création est plus forte que l'invention. En effet, bien que cette dernière fasse exister quelque chose qui n'existait pas auparavant, tôt ou tard cette chose pourrait être créée, grâce à l'évolution de la recherche, du savoir, et aux progrès scientifiques. [...]
[...] L'artiste a une disposition à produire une œuvre d'art, qui est innée. On ne peut lui enseigner cela. L'Ecole des Beaux-Arts n'apporte à ses étudiants que des méthodes permettant de les aider dans leur quête artistique. Au contraire, elle ne permet pas de former réellement des artistes. Une personne quelconque ne peut rentrer dans cette école et penser qu'elle lui permettra d'acquérir l'âme et le génie d'un artiste. L'artiste a une manière personnelle d'appliquer le savoir théorique qu'on lui a enseigné, il possède un véritable talent, source d'originalité de nouveauté et de créativité. [...]
[...] Le jugement du spectateur sur l'artiste est donc subjectif. Il pourrait tendre à être universel car tout le monde pourrait avoir le même avis. Cependant, l'œuvre d'un artiste nous touche, nous submerge d'émotions que nous ne pouvons expliciter. Si nous ressentons ce genre d'émotions lorsque nous observons une œuvre, nous sommes en face d'une œuvre d'art. De nos jours, l'art est déprécié. On ne cherche que l'originalité. La beauté n'est plus et tout est prétexte à être de l'art. Artiste devient un métier convoité et beaucoup se bercent d'illusions à ce propos, pensant pouvoir devenir un artiste en peignant un tableau d'une seule et même couleur et en l'affichant dans une galerie. [...]
[...] Mais reconnaître un véritable artiste est- elle une tâche aisée ? Et de plus que vaut la reconnaissance aux yeux de l'artiste ? La reconnaissance d'une œuvre d'art est un besoin pour l'artiste car dans un sens, cela lui permet d'être reconnu dans la communauté artistique. Savoir que son œuvre a été remarquée, par son originalité, repérée par ses aspects hors du commun lui assure une carrière artistique sûre. D'un autre côté, la reconnaissance est due à ce que transmet l'œuvre aux spectateurs qui la regardent. [...]
[...] Dans un sens, le savoir-faire nous le permet. Si l'artiste sait appliquer les connaissances qu'il a apprises par le passé, alors il se distingue en tant qu'artiste d'un mouvement artistique. Le savoir-faire est donc utile pour reconnaître un artiste, bien que nos sens soient troublés par l'aspect subjectif du beau. Il semblerait donc que le savoir-faire fait partie des caractéristiques nécessaires à tout artiste, mais ce n'est pas pour autant cela qui caractérise l'artiste. Le savoir-faire nous permet simplement de comparer les différents mouvements artistiques. [...]
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