Dissertation entièrement rédigée sur le sujet : "Lorsque je dis "j'ai raison", mon interlocuteur n'a-t-il plus qu'à se taire ?".
[...] Etre en intelligence avec quelqu'un suppose, des deux côtés, la volonté de tisser ces liens, la capacité de le faire. On peut penser ici à de nombreux savants, philosophes, artistes, qui, en avance sur la raison de leurs contemporains, n'ont eu d'autre issue, pour la sauvegarde de leur travail, de leur raison et de leur vie même, que celle du repli, de la solitude, du secret même. Là, c'était leur propre parole qui était menacée de mise au silence par tous les déraisonnables de leur temps, incapables d'entendre ce qu'ils avaient à dire (par exemple : Galilée, Spinoza Il peut être parfois nécessaire, pour celui qui a raison, au nom de la raison elle-même, de ne pas insister pour convaincre celui qui a tort, quand l'ignorance paradoxalement, injustement, le pouvoir Mais Socrate, pour demeurer en vie, aurait-il dû se taire ? [...]
[...] On pourrait multiplier les exemples de situations où, assurés d'avoir raison, et peut-être légitimement persuadés d'être dans le vrai, le juste, nous avons aussi la certitude de ne pouvoir être compris, parce que ce n'est pas encore le moment pour l'autre, parce qu'il n'en a pas encore, ou définitivement, les moyens, et alors, si malgré cela cet autre nous importe, et que telle ou telle de nos certitudes puissent, bien qu'incommunicables en l'état des choses, lui être profitables, il faut alors inventer la stratégie où malgré tout, quelque chose de bon pourra en résulter, mais ce n'est pas toujours possible : il est certes très triste de ne pouvoir faire le bien, le vrai, le beau des autres malgré eux, quand on pense connaître où ils seraient, mais c'est ainsi que les hommes sont faits En retard sur leur propre réalité, sur leur propre bonheur, raisonnant après coup, ou pour les autres, en retard sur leur propre raison et pris dans la vague de leur existence parfois, souvent, très peu raisonnables, rares sont ceux qui ont raison au bon moment et sur une longue distance ! Volontiers donneurs de leçons et de conseils, pétris de certitudes parfois vraiment fondées, rares sont ceux qui, en pratique, suivent véritablement les directives de leur raison, quoiqu'ils veuillent en imposer aux autres, supposés moins lotis qu'eux ! Il faut, si nous croyons avoir raison, nous assurer encore que nous obéissons à ce que la raison nous dicte, car les raisonneurs ne sont pas forcément les plus raisonnables ! [...]
[...] Le fait d'avoir raison, s'il se trouve qu'en effet, il s'avère, conduit-il à imposer silence à autrui, à le faire taire ? La raison, dans sa définition philosophique, tendant à l'universalité, ne doit-elle pas conduire celui qui, grâce à elle, prétend savoir le vrai le juste à un effort de transmission, de diffusion, qui ne saurait s'accommoder d'une mise au silence de l'autre, mais au contraire, engagerait à un dialogue accru, dans la mesure du possible ? 1er moment : Il convient tout d'abord de poser les questions permettant de donner une légitimité à la certitude d'avoir raison. [...]
[...] Quelles facultés sont-elles convoquées ? La subjectivité est-elle aussi productrice d'énoncés, de conduites, reconnaissables par la raison objective ? Pourquoi ai-je besoin d'affirmer que j'ai raison ? Le sujet suggère qu'au-delà du fait de savoir que j'ai raison, j'ai besoin de le dire, de le faire savoir, jusqu'à, éventuellement imposer ma parole. Il y a donc là, mise en évidence de ce qui, en premier lieu, caractérise la raison et son usage : ma raison, ma façon d'avoir raison prend son sens devant la raison d'autrui. [...]
[...] N'y-a-t'il alors aucun moyen de faire entendre raison à cet autre ? Et si le langage ne peut atteindre ce but, n'y-a-t'il aucun autre moyen ? En quels cas peut-on envisager que l'autre n'ait plus qu'à se taire lorsque je dis que j'ai raison ? 3ème moment : Même lorsqu'on impose, par exemple, ses raisons à un enfant, en supposant à juste titre qu'il ne peut pas tout comprendre de ce qui nous fait en effet avoir raison sur tel ou tel point, il paraît plus juste et raisonnable d'expliquer pourquoi il vaut mieux faire ceci que cela, ou s'abstenir en invoquant quelques bonnes raisons qu'il puisse comprendre, même si, les raisons majeures ne peuvent être exposées. [...]
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