n'est pas certain que nous trouverons là un véritable rapport, mais nous souhaitons voir si il n'est pas possible de trouver ou peut-être simplement de créer une articulation, de tracer un tournant de la pensée philosophique s'opérant entre le dernier Merleau-Ponty et le constructivisme qu'assume la philosophie chez Deleuze. Ce ne pourra en effet pas être en une relation dont nous dégagerions un rapport que nous passerons de l'un à l'autre ; mais bien en traçant entre eux un chemin qu'il nous faudra réduire à un presque rien. Il n'y aura pas là de relation d'un philosophe à un autre, mais comme une compossibilité émergeante de l'ontologie sauvage et du constructivisme, et pourquoi pas l'appel de l'une à l'autre. C'est en travaillant parallèlement à l'intégration par Merleau-Ponty du bergsonisme dans l'ontologie de Le visible et l'invisible et sur la conception deleuzienne de la philosophie exposée dans Qu'est-ce que la philosophie mais aussi dans le texte L'immanence : UNE VIE… que nous avons aperçu en une fugace intuition une certaine promiscuité de Merleau-Ponty à Deleuze. Ce qui selon nous peut être rendu visible de l'un à l'autre, c'est un certain passage qu'ouvre l'ultime philosophie de Merleau-Ponty, lorsqu'elle peut nous montrer une fin possible à la phénoménologie (notamment dans la dissolution de la distinction sujet/objet). Ouverture par laquelle Deleuze n'entre pas puisqu'il est lui toujours déjà engagé dans l'élan créateur de la philosophie que cette certaine fin de la phénoménologie appelle. Il est vrai que l'ontologie de Merleau-Ponty s'offre aussi et de manière plus explicite peut-être à un recommencement de la phénoménologie comme philosophie interrogative ; mais ce qui semble plus intéressant, c'est l'impensé merleau-pontyien qui s'offre en l'inachèvement dont témoignent les nombreuses notes de travail de Merleau-Ponty. Il nous faut ainsi montrer qu'il y a un pas qui est à faire entre la possibilité d'une fin de la phénoménologie dans l'ontologie merleau-pontyienne et le renouveau de la philosophie que représente le constructivisme de Deleuze. L'image est peut-être un peu grossière, mais ce qui nous est apparu dans la confrontation de l'ontologie de la chair et du texte L'immanence : UNE VIE…, c'est comme si Merleau-Ponty en ses dernières volontés dégageait un sol ontologique adéquat à une philosophie se posant en sa pure activité créatrice. Comme si l'ontologie sauvage, ou l'Être vertical laissait entrevoir en ses ultimes fondements, la nécessité d'une reprise purement créatrice de la chair.
[...] C'est sur la place et le sens de la distinction sujet/objet qu'il voit chez Merleau-Ponty que Deleuze manque quelque chose du sens d'être de la chair. Cette dernière étant pris par lui comme concept de la phénoménologie (avec tout ce que cela implique), il n'y considère pas l'effort ontologique accomplit par Merleau-Ponty. Pour lui, c'est la chair qui va se dégager à la fois du corps vécu, du monde perçu, et de l'intentionnalité de l'un à l'autre encore trop liée à l'expérience( ) il ne voit pas que Merleau-Ponty opère la dissolution du sujet et de l'objet dans l'être même de la chair, que celle-ci, plus que simplement se dégager à l'intersection des structures de la subjectivité incarnée se détache véritablement de toute conception polarisante en ce que son épaisseur submerge tout pôle subjectif ou objectif. [...]
[...] Dissertation sur la possibilité d'un rapport de l'ontologie de la chair chez Merleau-Ponty au constructivisme deleuzien. Il n'est pas certain que nous trouverons là un véritable rapport, mais nous souhaitons voir si il n'est pas possible de trouver ou peut-être simplement de créer une articulation, de tracer un tournant de la pensée philosophique s'opérant entre le dernier Merleau-Ponty[1] et le constructivisme qu'assume la philosophie chez Deleuze. Ce ne pourra en effet pas être en une relation dont nous dégagerions un rapport que nous passerons de l'un à l'autre ; mais bien en traçant entre eux un chemin qu'il nous faudra réduire à un presque rien. [...]
[...] Nous pensons à Le visible et l'invisible et plus particulièrement encore aux notes de travail retranscrites dans ce même volume. Deleuze, Qu'est-ce que la philosophie, éditions de minuit, p.168 Id., ibid., p.47-49 Id., ibid., P Id., ibid., P.141-142 Id., ibid., p Idem. Idem. [...]
[...] Il est vrai que nous forçons un peu ici la promiscuité de l'ontologie de la chair et du constructivisme, car la propriété que découvre finalement Merleau-Ponty dans l'activité philosophique est celle d'une pensée interrogative et non pas vraiment constructive. C'est d'ailleurs dans un écart analogue qu'il pose une différence ultime entre lui et Bergson (et ce, malgré qu'il reprenne largement le bergsonisme à la résolution de ses propres problèmes), c'est que Bergson croyait à la constatation et à l'invention, il ne croyait pas à la pensée interrogative. [...]
[...] Ainsi peut- on dire que si Merleau-Ponty avait voulu croire avec Begrson en l'invention philosophique, l'être de la chair se comprendrait sans mal comme le champ transcendantal tel que le définit Deleuze dans l'article L'immanence : UNE VIE Expliquons rapidement cette définition pour voir comme elle cherche comme la chair à décrire une immanence absolue de l'expérience pure. Qu'est-ce qu'un champ transcendantal ? La première chose pour Deleuze est d'éliminer de la vision d'un champ transcendantal toute référence au Sujet ou à l'Objet. [...]
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