L'expression "raison d'Etat" regroupe deux notions dont l'association crée plusieurs problèmes. En effet, leur double définition multiplie les interprétations possibles. On caractérise d'une part la raison par les principes et les façons de penser qui vont vers l'idée du bien, et d'autre part, la raison est ce qui explique ou justifie un acte. À la lumière de cette définition, on peut s'intéresser à la notion d'Etat, qui désigne à la fois une société politique dirigée par un pouvoir institutionnalisé sur un territoire géographique aux limites bien précises et les éléments centraux de l'administration de ce pouvoir. La raison d'Etat serait ainsi la justification, la cause de l'Etat, mais aussi la justification d'un pouvoir souverain à l'origine de décisions en vue d'un bien commun. Cette notion implique l'idée de calcul, contenue dans l'étymologie de "raison" (du latin ratio). Reste à mesurer en quoi l'Etat résulte d'un calcul autant de la part du commun des mortels que du gouvernement. Qu'est-ce qui justifie ce calcul et comment se concilient les intérêts du peuple et de l'instance politique ? Il s'agira d'abord d'évaluer les raisons de la création (et de l'existence) d'un Etat. Il faudra ensuite montrer qu'il existe aussi une raison d'Etat en tant que calcul rationnel du gouvernement pour enfin dépasser la notion de raison d'Etat en la critiquant.
I. Les raisons d'un état (état comme société politique)
Au sens premier, la raison signifie la cause : pourquoi les hommes ont-ils préféré vivre ensemble, dans un Etat, c'est-à-dire dans une société politique ? Quelles sont les différentes manières de justifier sa nécessité ?
1) Aristote ou la raison d'Etat comme fin(alité) de l'Etat
L'Etat, comme tout objet, se justifie avant tout par sa fin. Dans quel but, pourquoi les hommes se rassemblent-ils dans un espace politisé ? La réponse aristotélicienne fait appel à la nature de l'homme, cet "animal politique", qui cherche à donner une direction à son existence. La raison de la cité, première forme politique de l'Antiquité, apparaît comme un accomplissement de l'homme et plus précisément comme un désir d'accomplissement de l'homme. L'homme ne peut atteindre ce qu'il est que grâce à la vie politique (...)
[...] Ce groupe d'homme jouit donc de privilèges et cherche à asseoir son pouvoir, à le maintenir par la raison et par la force. Pour éviter la guerre de tous contre tous, mais aussi la guerre du peuple contre le gouvernement, ce dernier profite de sa position transcendante pour ne pas dévoiler les secrets d'État La raison d'État est-elle légitime ou non ? Va-t-elle à l'encontre de la démocratie ? Le peuple est-il en droit de critiquer la raison d'État ou est-il à son origine ? [...]
[...] L'État est la conséquence de ce calcul. Il s'agit alors de faire prévaloir l'intérêt général qui ne coïncide pas forcément avec les intérêts particuliers, mais qui assure à la communauté une sécurité et un ordre auxquels les hommes aspirent. Platon ou l'État comme une raison pour des hommes instables On peut également inverser l'expression et affirmer que l'État est une raison pour des hommes qui seraient inconstants. Leur égoïsme les rend incapables de maintenir une cohésion générale et la loi du plus fort domine dans une sorte d'état de nature avant l'apparition du logos. [...]
[...] Si l'État n'assure plus cela, il est légitime que le peuple affirme sa souveraineté. Il peut le faire de plusieurs manières : par la révolte, le vote ou plus simplement par l'opinion publique. Ainsi, l'homme a le droit de percer les secrets d'État de demander ses raisons à l'État mais cet idéal n'est-il pas une utopie ? Mais cet idéal n'est-il pas illusoire ? Finalement, en désirant un État, le peuple ne désire-t-il pas aussi une instance capable de taire certains faits qui ne feraient que troubler l'ordre public ? [...]
[...] Les raisons d'un État sont multiples. On peut justifier l'État en lui attribuant une fin, l'expliquer par une nécessité absolue rendue sensible par un calcul des hommes, ou encore en affectant à l'État la fonction de Raison qui assure la cohésion des hommes. Mais de quel État parle-t-on ? De l'État en tant que communauté des hommes ou en tant que gouvernement, instance politique qui domine le commun des mortels ? II. La raison de l'État (État au sens de gouvernement) L'État, c'est-à-dire les éléments centraux de l'administration, domine la scène politique. [...]
[...] Ainsi, critiquer cette raison d'État ne reviendrait-il pas à redonner la souveraineté au peuple ? III. Critique de la raison d'État démocratie Il s'agit, en critiquant la raison d'État et les gouvernements qui en abusent, de refaire valoir les intérêts du peuple et son droit à l'information. Si les hommes ont désiré de créer un État, ils doivent pouvoir être en mesure de participer au gouvernement de cet État Locke ou le peuple contre la raison d'État A l'origine, l'État provient, comme nous l'avons vu, d'une nécessité : celle de poursuivre un Bien commun. [...]
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