Dissertation philosophique sur la paix à partir d'une citation de Emmanuel Lévinas extraite de « Totalité et Infini » : « La paix ne peut pas s'identifier avec la fin des combats qui cessent faute de combattants, par la défaite des uns et la victoire des autres, c'est-à-dire avec les cimetières ou les empires universels futurs. La paix doit être ma paix, dans une relation qui part d'un moi et va vers l'autre ».
[...] La paix doit être ma paix, dans une relation qui part d'un moi et va vers l'autre Emmanuel Lévinas, Totalité et Infini (1961). L'histoire de l'humanité est marchée par l'existence de guerres et de conflits sans fin. Pas une période de l'histoire n'est caractérisée par l'absence totale de combats. Tout se passe comme si, finalement, la guerre, synonyme d'atrocités et de combats sanglants, ne pouvait ne pas avoir lieu. Ainsi, on assimile souvent les quelques périodes de repos à une paix. [...]
[...] Cela est renforcé par la personnification de la guerre. Celle-ci apparaît comme un être monstrueux, affreux et laid : voilà le monstre que nous fuyons ! Ce monstre effroyable, impitoyable Ainsi, la guerre apparaît comme une plaie de l'humanité, elle fait souffrir les hommes et en ce sens on ne peut la justifier et encore moins la revendiquer pour espérer la paix. Le roman de Victor Hugo Quatre-vingt-treize n'est également pas avare dans la représentation du mal que représente la guerre. [...]
[...] On peut ajouter que la raison permet d'instaurer le droit (substitution de règles communes à la violence humaine) qui selon Kant représente le fondement incontournable de la paix. Ainsi, la paix ne peut se réduire à la seule fin des combats et à la défaite des ennemis car cela remettrait totalement en cause la possibilité de paix dans ce monde. Cependant, il est indéniable que dans certaines situations la guerre semble être la meilleure solution pour rétablir l'ordre et instaurer un semblant de calme et de tranquillité. [...]
[...] Il est inconcevable d'espérer la paix en essayant d'éliminer autrui et toutes formes d'opposition car cela ne ferait qu'amplifier le conflit et les combats. Cette atrocité de la guerre n'est pas absente des œuvres d'Aristophane, Kant ou Hugo. En effet, au début de son œuvre, Aristophane dans La Paix, nous donne à voir les malheurs que cause la guerre à travers ses personnages, les cultivateurs : ce qu'ils perçoivent de la guerre c'est qu'elle change leur quotidien puisqu'ils doivent faire face à la pénurie, à l'effroi, aux désagréments ainsi qu'à la souffrance quotidienne. [...]
[...] En effet, pour Victor Hugo, une finalité heureuse peut justifier le recours aux armes les catastrophes ont une sombre façon d'arranger les choses les devoirs terribles existent C'est pourquoi selon Hugo toute guerre n'est pas forcément injuste la révolution est une forme du phénomène immanent qui nous presse de toute part et que nous appelons la Nécessité La guerre est le prix à payer pour ce grand rajeunissement peuples et la clémence de Gauvain envers Lantenac permet d'inscrire dans la guerre un signe de paix. La paix apparaît donc comme indissociable de la guerre : la paix est un long processus qui passe par la guerre. D'autre part, Levinas fait remarquer que la paix doit être installée en relation avec autrui. Or, les hommes étant guidés par leurs intérêts particuliers et leur égoïsme, autrui constitue au contraire une menace. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture