On peut comprendre la liberté,
- Soit comme une propriété de l'individu qui en fait un sujet (du latin "subjectum", ce qui est en dessous, c'est-à-dire ce qui est au fondement) : c'est la liberté de la volonté. Par elle nous sommes des êtres indépendants de toute détermination (fut-ce seulement en dernière instance) et nous sommes cause première de nos actes, fondement et pleinement auteurs de ceux-ci. On définit cette liberté comme liberté métaphysique.
- Soit comme possibilité d'agir, comme pouvoir d'agir qui nous est reconnu par les autres et par l'Etat, c'est la liberté du citoyen, objective. On parle alors de liberté politique.
Dans les deux cas, on peut opposer une version "abstraite" ou simplement "formelle" de la liberté et une version "concrète" ou "matérielle" de celle-ci. Dans le premier cas, on peut dire que par rapport à Dieu, l'illimitation de notre volonté, sa liberté infinie, est seulement formelle. En effet nous pouvons tout vouloir, mais nous ne pouvons pas réaliser tout ce que nous voudrions, parce que, contrairement à Dieu, ma puissance et mon entendement sont finis. De même, que signifie reconnaître des droits sans donner les moyens de les exercer, que ce soit des moyens financiers ou intellectuels ? (...)
[...] Ainsi, la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen n'affirme pas que l'homme possède une liberté métaphysique à sa naissance, pas plus que Rousseau lorsqu'il dit, au début de Du contrat social, l'homme est né libre et partout il est dans les fers - ce serait grotesque. Mais affirme, en disant que les hommes naissent libres et égaux en droit, que les hommes naissent pour une vie libre. ' La nature, c'est la fin (Aristote, Politique), non la donnée. Elle reconnaît qu'une vie d'homme digne d'être vécue est une vie à qui on accorde certains droits, aussi bien civils que politiques, une vie de citoyen et non d'esclave. Il s'agit d'une liberté politique, pas métaphysique, qui peut très bien se passer d'une liberté de la volonté. [...]
[...] La liberté n'est-elle pas dès l'origine dans la nature ? C'est ce qu'affirment les épicuriens avec la théorie de la parenklis (en grec) ou du climanen (en latin), c'est-à-dire de la déviation Pour les épicuriens, la réalité est faite d'atomes. Ces atomes n'obéissent pas seulement aux lois du mouvement, parfois ils dévient de leur trajectoire sans raison. Ce qui signifie que dans la nature, il y a un principe d'indétermination. Tout n'est pas strictement déterminé. Ce qui, au niveau éthique permet, sur une base strictement matérialiste, de défendre la liberté humaine. [...]
[...] Les premiers Etats qui apparaissent dans l'histoire sont de grands empires : Egypte, Chine, dans lesquels la liberté n'est reconnue qu'à un seul, le roi, considéré comme un dieu ou un demi-dieu, ses sujets étant ses esclaves. Puis apparaît la cité grecque, en premier lieu à Athènes, dans laquelle tous les hommes sont considérés comme libres. Mais cela n'est vrai que des citoyens à l'échelle de la cité, et ceux-ci ont des esclaves. Le monde grec a toujours opposé grecs libres et Barbares réductibles en esclavage. [...]
[...] Reste malgré tout un problème. Comment concilier cette absolue liberté de la volonté avec le fait que Dieu qui nous a crée est à la fois omniscient il sait tout, et en particulier connaît le futur dans ses moindres détails) et tout- puissant (ce qui en fait le responsable, même passif, de tout ce qui arrive) ? Comment pouvons-nous dire que nous sommes libres si tout ce que nous faisons est le résultat d'un plan divin ? Descartes reconnaît qu'il y a un mystère. [...]
[...] Lafcadio, en commettant son crime sans mobile agit conformément à une raison qui est de se prouver sa liberté. Il y a donc toujours une raison de se déterminer. Ajoutons qu'une volonté se déterminant sans raison est une contradiction dans les termes, car rien n'est sans raisons tout ce qui arrive a une cause. Ne sommes-nous donc pas libres pour Leibniz ? Mais si. En effet il ne faut pas confondre détermination certaine et détermination nécessaire A proprement parlé, est nécessaire ce dont le contraire implique contradiction. [...]
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