[...] Le très célèbre et notoire Cogito de Descartes, exposé dans Les Méditations Métaphysiques, nous confirme cette impression. En effet, il est impossible de douter sans penser, et de penser sans exister ; si bien que, selon toute logique, l'existence du "je" n'est plus à prouver, c'est la première évidence, un bien fondé incontestable, sur lequel nous pouvons nous appuyer, sans peur de basculer dans l'absurdité ou l'incertitude. Notre identité ne repose ainsi aucunement sur la matérialité qu'offre notre corps, mais sur notre pensée, bel est bien abstraite et insaisissable, aussi difficile à cerner qu'elle puisse paraître ; notre corps n'est que le roseau auquel manquerait la pensée, pour reprendre l'expression de Blaise Pascal, extraite des Pensées. Je peux cependant dire "j'ai un corps", le corps n'est pas la conscience, le corps est davantage du côté de l'objet, que de celui du sujet. Kant définit d'ailleurs le sujet comme une "réalité transcendantale", le "je" étant la condition nécessaire, mais pas suffisante, afin de se construire une identité propre à nous, sans laquelle nous ne pouvons exister pleinement. Alain clame d'ailleurs haut et fort l'existence fondée d'un "je", et affirme même son unicité, le définissant comme conscience, pensée ; il refuse catégoriquement toute existence d'un autre "je" caché en notre for intérieur, inconnu. Kant, dans Anthropologie pragmatique, nous rappelle à quel point le "je", première des certitudes, des évidences, est une notion décisive dans notre vie, ne pouvant être niée, participant à l'intégrité et à l'installation d'une identité chez l'Homme : "Posséder le "je" dans sa représentation : ce pouvoir place l'homme infiniment au-dessus de tous les autres êtres vivants sur la terre. Par là il est une personne."
Ce "je" traduit une forte volonté de penser par soi-même, d'acquérir son propre esprit critique ; il matérialise un refus catégorique que les autres pensent et s'expriment à ma place, décident pour moi ; c'est le témoignage de la recherche d'une individualité, l'Homme voulant se distinguer des autres, cherche à marquer son territoire, se différencier d'autrui ; c'est d'ailleurs une étape décisive de notre vie, nous permettant de nous fonder une identité unique et singulière. La présence de ce sentiment d'identité, apparaissant dès notre plus jeune âge, indique le fait qu'il existe un facteur constant, malgré tous les changements dont nous pouvons faire l'expérience : Kant appelle cela le "je pur" (...)
[...] Peu importe. Le ‘je' se réfère donc à plusieurs personnes à la fois, des personnes différentes à chaque fois. Il est cependant clair que nous voudrions avoir une existence stable au fil d'une continuité ; nous inventons alors l'idée d'un moi permanent. C'est l'expérience qui fait dire à Montaigne que nous ne sommes pas un, mais un défilé de personnages dans le temps ; il n'y a qu'un flux permanent de la conscience, changeant de forme, de visage, de consistance. [...]
[...] Je peux cependant dire ‘j'ai un corps', le corps n'est pas la conscience, le corps est davantage du côté de l'objet, que de celui du sujet. Kant définit d'ailleurs le sujet comme une ‘réalité transcendantale', le ‘je' étant la condition nécessaire, mais pas suffisante, afin de se construire une identité propre à nous, sans laquelle nous ne pouvons exister pleinement. Alain clame d'ailleurs haut et fort l'existence fondée d'un ‘je', et affirme même son unicité, le définissant comme conscience, pensée ; il refuse catégoriquement toute existence d'un autre ‘je' caché en notre for intérieur, inconnu. [...]
[...] On n'enseigne pas le ‘je' : c'est quelque chose de naturel, accompagnant toutes nos représentations, du berceau à la tombe ; le ‘je' est inné. Il marque une présence immédiate de soi à soi, sans que l'on puisse réellement mettre en doute son fondement. Comment pourrais-je donc remettre en cause le ‘je', le renier, et, avec lui, renoncer à mon identité, si je ne commençais pas par me reconnaître dans ce dernier ? C'est impensable. Le très célèbre et notoire Cogito de Descartes, exposé dans Les Méditations Métaphysiques, nous confirme cette impression. [...]
[...] se serais séparé de l'être il ne connaîtrait plus l'acte pur d'être, il connaîtrait l'être comme un étant. Si un homme se prend pour son personnage social, c'est à cause de cette erreur originelle. Si un homme se prend pour son métier, c'est encore à cause de cette erreur. Si un homme se prend pour son état civil ou sa carte de visite, c'est encore à cause de cette erreur.' Mais finalement, suis-je une définition ? Que font donc la plupart des gens dans l'ignorance ? [...]
[...] SUJET: Qui parle quand je dis ‘je'? La question parle quand je dis ‘je' ? est problématique dans le sens où la réponse parait évidente, et même révélée par la question elle-même: en effet, il parait logique de dire que c'est ‘je' qui parle quand je dis ‘je', ou encore ‘moi' pour formuler une phrase grammaticalement correcte ; comment serait-il possible que quelqu'un d'autre s'exprime à ma place ? Cela parait totalement invraisemblable. Cette question apparaît donc d'emblée comme paradoxale, et tout ce passe comme si elle posait un problème, insinuait le doute là où, en fait, il n'y en a aucun, la réponse paraissant en découler comme de l'eau de source, claire et pure. [...]
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