« Tremble carcasse » ! Corps qui tremble, qui frissonne ou qui rit : quelle place occupe l'esprit face à ces réactions ? Voulé-je toujours laisser paraître mon appréhension, ce que Turenne semble refuser en s'adressant ainsi à son corps.
Quelles relations entretiennent-ils alors ? Comment mon esprit agit-il sur mon corps, quelles sont ses limites ? Suis-je dans mon corps « comme un pilote en son navire » ? Mon âme, qui me permet d'être ce que je suis, ne serait-elle qu'une substance abritée dans cet objet que serait mon corps ?
Deux questions, dont la réponse poussera à se demander ce qui fait réellement ma nature, se posent alors : ai-je un corps ou suis-je un corps ?
I] Ai-je un corps ?
La métaphore cartésienne refuse la thèse selon laquelle l'esprit serait logé dans le corps « comme un pilote en son navire ». Mais que sont alors le corps et l'esprit, quels seraient alors leurs rôles et leurs statuts respectifs ? L'esprit peut apparaître comme ce qui commande le corps : je vais à gauche parce que je le veux, je cours face au danger parce que mon esprit l'analyse comme tel et me dit qu'il faut le fuir. Il peut en cela être comparé au pilote, qui, lui, doit diriger le navire, décider de la direction où il veut l'emmener ou éviter les écueils. Les exemples sont multiples et si l'on continue en ce sens la réflexion, les mots qui s'imposeront seront alors « j'ai un corps ».
Le corps seul n'est en effet qu'un objet, c'est une réalité matérielle qui, à la différence de l'esprit, peut se voir, occupe une place dans l'espace. Je le connais, les autres le connaissent et le perçoivent mieux que mon esprit : je peux voir ma main mais ne peux voir les pensées enfouies dans mon inconscient. Il m'est plus facile d'accéder à mon corps qu'à mon esprit, il reste présent quand mon esprit conscient ne l'est plus.
Nous ne prenons en effet conscience de notre corps que lorsque nous ne dormons pas : nous savons à ce moment qu'il vit, qu'il existe. Mais il existe également durant notre sommeil. (...)
[...] II] Suis-je un corps ? Une différence majeure existe cependant entre le pilote en son navire et mon esprit dans mon corps : le pilote, sauf à faire corps avec son navire, voit les choses, il verra la vague qui viendra frapper la coque tandis que mon corps sentira la pluie qui tombera et qui le mouillera ; c'est cette sensation qui permettra à mon esprit d'établir qu'il pleut. Ils apparaîtront alors indisociables, ce qui répond aux paroles de Descartes qui déclarait que le corps est substantiellement uni à l'âme Le corps se révèle en effet sensible, et s'avère en cela vivant. [...]
[...] Je peux alors déclarer : je suis un corps et même, je suis mon corps III] Quelle est réellement ma nature ? Mon moi est alors constitué de deux parties : mon corps et mon âme, mon esprit grâce auxquels se forment ma personne et mon identité, grâce auxquels je deviens un sujet à part entière. Mon corps seul peut être comparé à une machine, répondant à des automatismes tels que la faim ou la soif, satisfaits par mon esprit qui me décidera à manger ou à boire, et peut en cela se rapprocher de la métaphore cartésienne. [...]
[...] Mais il existe également durant notre sommeil. Le corps et l'esprit seraient alors indépendants l'un de l'autre, ce qui répondrait à la doctrine du dualisme soutenant que chacun de ces deux éléments appartiennent à un ordre différent. L'esprit n'a en effet nul besoin du corps pour fonctionner : il peut être au maximum de ses capacités dans un corps entièrement paralysé. Il serait ainsi logé dans cet organisme qu'il n'accepte pas toujours et qui est le premier élément qu'autrui jugera en me rencontrant pour la première fois ; c'est souvent ce qui le poussera à aller vers moi ou à me fuir. [...]
[...] Ai-je un corps ? La métaphore cartésienne refuse la thèse selon laquelle l'esprit serait logé dans le corps comme un pilote en son navire Mais que sont alors le corps et l'esprit, quels seraient alors leurs rôles et leurs statuts respectifs ? L'esprit peut apparaître comme ce qui commande le corps : je vais à gauche parce que je le veux, je cours face au danger parce que mon esprit l'analyse comme tel et me dit qu'il faut le fuir. [...]
[...] CONCLUSION La relation entre le corps et l'esprit apparaît ainsi très complexe : il est indéniable qu'un lien existe entre eux, mais ce lien peut aussi disparaître dans certains cas extrêmes. Il est délicat d'établir une hiérarchie entre le corps et l'esprit, les actions du premier n'étant pas toujours volontaires et contrôlées par notre pensée consciente. [...]
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