Inéluctable événement clôturant l'existence de chaque être vivant, la mort est à la fois source d'effroi et de fascination pour les hommes. Et son immuable présence condamne l'homme à connaître l'inévitable finitude de sa vie. Cependant, au-delà de ce simple savoir, qu'il semble presque impossible de ne pas posséder, l'homme peut prendre réellement conscience de sa mort prochaine. Mais cela suppose un effort d'acceptation qui n'est pas forcément inhérent à la conscience humaine ; la connaissance de la finitude de son propre être peut en effet être source de nombreux maux. Cependant, bien que ce savoir, qui ne semble pas être l'apanage de l'espèce humaine, puisse engendrer quelques douleurs, il peut également avoir des effets positifs. La prise de conscience de la mort ne permet-elle pas en effet de donner une valeur suprême à la vie ? N'est-elle pas importante et essentielle à l'existence humaine, en ce sens qu'elle est une source d'énergie primordiale ? Cependant, cette conscience de la mort ne peut-elle pas engendrer de nombreux pour l'être humain ?
La mort en elle-même est singulière, car elle reste inconnue de chaque être humain. Cependant, elle effraie bon nombre d'entre eux, ce qui peut sembler paradoxal, puisque la mort se définie par une absence de sensations. Or, ce sont ces dernières qui définissent la vie même ; il semble donc insensé de craindre la mort. Prendre conscience de cette réalité semble donc être bénéfique pour l'être humain, puisqu'il oserait jouir de son existence sans craindre son immuable finitude. Ainsi le philosophe Épicure affirmait-il qu'il « n'y a plus d'effroi dans la vie de celui qui a réellement compris que la mort n'a rien d'effrayant ». Dès lors, avoir conscience de la mort semble être important pour pouvoir vivre plus paisiblement. Et c'est justement cette connaissance de sa propre finitude qui pousse l'homme à jouir des plaisirs qu'offre la vie (...)
[...] Ainsi Montaigne affirmait-il dans ses célèbres Essais que tu ne meurs pas de ce que tu es malade ; tu meurs de ce que tu es vivant Mais il paraît également important de contraster l'acte de prendre conscience et celui d' accepter Ce dernier suggère une certaine soumission, alors que la prise de conscience n'est qu'une réalité dénuée de tout jugement. Ainsi chaque être vivant pourrait-il être capable de prendre conscience de sa finitude, même s'il ne peut l'accepter ou ne plus en avoir peur. Mais la mort est une nécessité ; cette prise de conscience, bien que pouvant engendrer de nombreux maux, semble donc être indispensable pour pouvoir mener une existence épanouie. Et les stoïciens partageaient cette idée ; il faut attendre la mort, ne pas la craindre et en avoir conscience. [...]
[...] Mais pourquoi la non-conscience de la mort semble-t-elle utopiste et ne pourrait-elle pas être préférable à la conscience de la mort ? La possibilité que l'homme puisse ne pas être conscient de sa propre finitude semble quelque peu utopiste. En effet, la certitude de la mort est connue de tous : elle semble être l'élément immuable qui peut différencier l'homme de l'animal. L'être humain peut raisonner au sujet de cette fin qui emplie ses pensées et ses actes, et ce contrairement à l'animal. [...]
[...] Prendre conscience de la mort semble donc être une étape indispensable à l'existence humaine. Cela permet en effet de connaître la valeur de notre existence et de vivre plus intensément. Mais cette prise de conscience est également une source d'énergie, qui permet à l'homme d'accomplir de fabuleuses œuvres pour trouver une substitution à son désir d'immortalité. Bien que selon Freud l'homme ne pouvait être conscient de sa propre finitude, la volonté humaine de s'inscrire dans l'éternité semble être bien réelle. [...]
[...] L'être de foi tentera ainsi de se rendre digne de l'amour de son dieu, en faisant le bien tout autour de lui. La religion semble donc être un élément essentiel dans la prise de conscience de la mort de l'être humain. Ainsi un homme convaincu que seul le néant le gagnera après sa mort ne saurait-il penser qu'une punition transcendante puisse lui être infligée dès lors qu'il trépassera. La prise de conscience de la mort recouvre donc une certaine dualité, qu'il convient de signifier. D'autre part, il semble important pour l'être humain d'assumer sa mortalité. [...]
[...] Mais cette prise de conscience est douloureuse, car la mort semble se heurter à la liberté humaine. Bien que Sartre ait affirmé que l'homme est condamné à être libre il avait cependant nuancé son propos, car notre naissance et notre mort sont soumises à des entités transcendantes et irrésistibles. Mais cette prise de conscience est bénéfique pour l'être humain, car elle lui permet de vivre plus intensément. Contrairement aux espèces animales, l'être humain semble en effet rechercher plus que la simple satisfaction de besoins et de désirs primaires. [...]
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