"On ne devrait parler que de ce que l'on connaît !" : qui n'a pas eu cette pensée face au spectacle désolant de celui qui, n'y connaissant rien, s'arroge le droit d'en parler tout de même, voire d'en parler d'autant plus qu'il n'y connaît rien ? Devant le bavardage verbeux de celui qui ainsi étale sa propre ignorance, qui n'a pas souhaité entendre s'exprimer sur le même sujet un homme d'expérience, lequel au moins sait de quoi il retourne ? Davantage même : il est plus rassurant, lorsque l'on est à l'hôpital, d'être opéré par un chirurgien émérite plutôt que par un jeune interne.
Ce qu'à chaque fois ici nous présupposons, c'est que l'expérience (au sens où l'on parle de l'expérience d'un métier) apporte quelque chose à l'homme d'expérience, en d'autres termes que par elle quelque chose nous est transmis et donné à connaître, qui fait du temps autre chose qu'une puissance d'amoindrissement et de destruction : plus le temps passe, plus l'expérience s'accroît, plus le savoir grandit (...)
[...] Seulement, s'agit-il réellement d'une connaissance ? Si dans le deuil je fais l'expérience de la tristesse, cette façon d'être triste m'est propre et n'est celle de personne d'autre, elle ne se partage pas et peine même à s'exprimer dans un langage Expérimenter n'est pas connaître Au reste, la difficulté est la même lorsque nous parlons de l'expérience du maître forgeron en termes de connaissance, et non d'apprentissage : qu'est-ce qu'une connaissance qui ne peut se transmettre, c'est-à-dire qui ne s'enseigne pas ? [...]
[...] Aristote semble hésiter entre la théorie d'un Dieu transcendant, pensée de la pensée et celle d'un Dieu immanent, vivant éternel parfait Les œuvres de morale et de politique (Ethique à Nicomaque, Politique, Politique des Athéniens) allient de façon parfois curieuse les préjugés des cités grecques d'alors (nécessité de l'esclavage, notion de races nées pour être esclaves, morale réservée à l'élite aristocratique) et des vues novatrices et modernes (importance de la pratique en morale ; rôle du milieu géographique, économique et social ; idée d'une science politique fondée sur l'expérience). Aristote est l'auteur d'une rhétorique et d'une poétique dont se réclama, au XVII ème siècle, la littérature classique. Biographie et bibliographie de Kant : Philosophe allemand (Königsberg 1724 idem 1804). Il ne quitta point sa ville natale. [...]
[...] L'expérience comme apprentissage et comme expérience vécue 1. L'expérience comme apprentissage d'un métier Selon Aristote, la maîtrise d'un art ou d'une technique requiert deux choses : l'expérience et une connaissance des règles. On ne devient pas forgeron simplement en lisant des traités de ferronnerie : un jour il faut s'y mettre, c'est-à-dire commencer à forger soi-même, et à forger mal. Si c'est en forgeant qu'on devient forgeron comme le dit Aristote, dans l'Ethique à Nicomaque, cela signifie bien que l'expérience apporte quelque chose à l'artisan, que la règle seule ne lui apprend pas : un tour de main qui peu à peu s'acquiert, un savoir-faire irréductible au savoir théorique. [...]
[...] Car s'il est certain que l'expérience joue un rôle dans la constitution d'un savoir-faire, qu'en est-il de sa fonction dans la connaissance en général ? Dire qu'il n'y a pas de connaissance sans expérience, c'est affirmer qu'il n'y a de savoir qu'empirique. Or cela ne va pas de soi, en sorte qu'effectivement la question se pose : faut-il faire l'expérience de quelque chose pour le connaître ? Sans doute faudra-t- il pour en décider commencer par élucider ce qu'apporte l'expérience à l'homme d'expérience, pour ensuite déterminer si ce rôle peut lui être attribué dans la connaissance en général. I. [...]
[...] L'ouvrage Des parties des animaux peut être considéré comme le premier traité d'anatomie et de physiologie comparées ; en géologie, Aristote est le premier à avoir signalé l'accroissement du delta du Nil depuis l'époque d'Homère, et l'envasement du marais Méotide. Le traité Du ciel inaugure la cosmophobie. Toutes ces descriptions s'inscrivent dans un système de Physique profondément vitaliste : tous les être sont animés, et la pierre qui tombe est animée du désir de rejoindre son lieu propre le centre de la Terre. Le mouvement ne s'explique pas du dehors, par le choc mécanique, mais du dedans, par la force interne, ou forme substantielle des corps. [...]
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