Dissertation de philosophie sur le sujet : Le bonheur est-ce renoncer à ses désirs ? "Vivre ses désirs" est dans le monde actuel une formule publicitaire assez banale. Nos moeurs n'ont pas une forme répressive, ils seraient plutôt très largement laxistes. Nous partageons d'emblée l'opinion selon laquelle le bonheur, c'est la satisfaction de tous les désirs. Cette libération a apporté l'idée qu'il ne fallait surtout pas réprimer, qu'il fallait même exprimer le désir, exprimer ses désirs et se borner à les suivre. Celui qui voudrait réprimer ses désirs serait vu dans notre monde comme une sorte d'exception étrange à une règle commune qui enseigne le contraire. Nous pouvons donc nous étonner de mettre en association le bonheur avec le renoncement de ses envies.
[...] Il faut savoir cerner la genèse des faux désirs avant qu'il ne nous fasse souffrir. Il faut prendre garde aux craintes que suggère notre imagination et au cortège de désirs délirants qu'elle nous prépare. L'intelligence doit discerner l'illusion qui donne naissance à l'apparition de désirs vains. Par dessus tout, il faut savoir sauvegarder la paix, le repos, l'état d'auto-sufffisance, la plénitude de l'âme : l'ataraxie (le bonheur et la sérénité). De plus, un désir se calcule à travers ses conséquences. La mesure du plaisir immédiat est trompeuse. [...]
[...] La vie heureuse suppose une maîtrise de soi. Les désirs choisis sagement et avec mesure sont-ils le chemin vers le bonheur ? Epicure propose ainsi une philosophie du plaisir ; or les moyens proposés reviennent à un certain ascétisme, ce qui implique le reniement de bien des plaisirs. L'épicurisme vrai est une sagesse assez austère comparée à ce qu'on appelle "épicurisme" dans notre mentalité postmoderne. Du pain, de l'eau et de l'amitié. Telle est la formule de la vie épicurienne. [...]
[...] Si Calliclès avait raison, d'abord, en pensant que ceux qui n'éprouvent aucun besoin sont malheureux, car " à ce compte les pierres et les morts seraient très heureux on pourrait toutefois se demander si la satisfaction que cherche le désir poussé à l'extrême ne serait pas un contentement qui réduit et efface le besoin ? Comparons l'âme à un tonneau et les désirs à des trous percés dans le fond. Le tonneau qui n'est pas percé est facile à remplir. Une fois qu'il est plein, il n'est plus nécessaire de lui ajouter quoi que ce soit. [...]
[...] Plutôt que d'être acteur de leur destin, les basses âmes sont de simples spectateurs. Ils sont passifs et se laissent écraser par leur excès. Au contraire, les grandes âmes possèdent un raisonnement considérable et influent. Ces âmes ont elles aussi des passions, et même des passions plus intenses, plus violentes que les autres. Pourtant, malgré la puissance de leurs passions et de leurs désirs, leurs raisons dominent. Cette raison nous permet en effet de connaître le mécanisme de notre vie affective et l'emprise qu'elle peut avoir sur nous. [...]
[...] Le bonheur semble donc être une impossible totalité. C'est l'imagination qui me fait croire qu'assouvir tous mes désirs m'apporterait le bonheur. C'est en ce sens que Kant explique dans le Fondements de la Métaphysique des Mœurs que le bonheur est un idéal, non de la raison, mais de l'imagination C'est mon imagination qui me fait penser qu'assouvir tous mes désirs serait le bonheur. Cela semble être impossible et inexpérimentable dans la vie sensible. En effet, vouloir satisfaire toutes ses envies ne serait-ce pas la mort de mon bonheur ? [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture