S'il y a eu Barbare, barbaros, c'est qu'il y a eu Grec, Hellène, homme de la paideia. Pourquoi ces derniers se sont-ils distingués ? Par une origine ethnique, géographique ? Il semblerait que non, ou du moins dans ce cas il serait à considérer l'Hellène comme à la fois nom propre et nom commun, là où le barbare ne serait pour les Grecs que nom commun: non pas de la Barbarie, où alors de la Barbarie comme état géographiquement inventé pour désigner tout ce qui n'est pas Grec. S'il ne s'agit pas d'une «race» uniforme opposé à une autre, qu'est ce qui a pu les différencier ? Ou plutôt, qu'est ce qui a bien pu unir les grecs pour qu'ils posent le reste de l' « humanité » (du groupe humain) justement comme groupe différent, étranger ? (...)
[...] Est -ce alors à dire que cet être du PEN qui sans aucun doute mangera ce qu'il trouve, pourra dépecer les animaux à sa portée si attendrissants soient-ils soit un barbare? Cet être par extension qui donna naissance au mythe du bon sauvage, est-ce cela que l'on appelle barbare? La sauvagerie, de la silvia, ae latine, suppose la vie en forêt, c'est à dire par extension dans un lieu non civilisé, non urbanisé. Le sauvage vit en dehors des règles communes parce qu'en dehors d'institutions. S'il est barbare, c'est uniquement parce que son langage, du fait de la non fréquentation d'autres hommes, n'est pas raffiné. [...]
[...] On peut tenter de confronter différents systèmes de signes pour comprendre à quel point le signifiant langagier est tout sauf évident. Dire Blanc en occident, c'est signifier pureté, chasteté, virginité, et dans l'institution, mariage (couleur de la robe de mariée . ) : ce n'est pas tant la couleur en soi qui a un sens (qui n'existe d'ailleurs pas en soi, mais selon les degrés d'inclination des rayons lumineux et leur reflet, la couleur n'ayant donc aucun caractère d'évidence, c'est à dire d'essence assurée) que ce que le mot: «blanc tente de signifier. [...]
[...] Pourquoi même pour un être d'une culture particulière tout n'est pas évident, légitime car systématisé? On peut peut être voir l'oeuvre de Yasmina Khadra, les hirondelles de Kaboul, comme un exemple de cette remise en question. Afghan, Yasmina Khadra parle de la condition des femmes dans son pays, de la dictature, de l'absence de liberté. Il se sert de ses mots, de son propre système monde dont nous avons parlé pour dénoncer ce que ce dernier implique: l'infériorité de la femme, la réduction des libertés humaines instituées au minimum, l'absence de sentiments . [...]
[...] C'est ainsi que les non- grecs, c'est à dire ceux qui ne parlent pas grec, apparaissent comme hétéros, étrangers. L'hélléniste est, d'après le Littré : le «nom donné aux Juifs qui étaient dispersés parmi les Grecs, principalement ceux qui vivaient à Alexandrie et qui parlaient la langue Grecque L'intérêt de cette définition est de monter qu'être barbare ou être grec tient dans la langue. Mais qu'est ce qui est en jeu derrière cette distinction? Quel statut, quels avantages a celui qui parle grec par rapport à tous les autres? [...]
[...] Alors que le Barbare vient d'une urbanité, d'un clan, il n'est pas individu isolé mais entité, peuplade. Ainsi là où est né chez Rousseau le Mythe de l'homme du pur état de Nature, sauvage, imbécile est doux, jamais nous n'aurions pu renconter le pur Barbare, le doux, le gentil barbare. L'homme du PEN est doux car non altéré par les autres, le sauvage est alors exclu du cycle civilisationnel, alors que le barbare, raisonnable en puissance par la maitrise du logos, ne peut être cruel qu'intentionnellement. [...]
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