Se retrouver devant un tableau d'art abstrait est souvent déroutant. Au contraire, savoir que grâce à la météorologie (et donc à la science) nous serons préparés en cas de forte tempête dissipe nos craintes. Et en ce sens, l'art - la représentation du beau selon le Robert, on ne pensera pas à l'art de l'artisan ici - et la science - un ensemble cohérent de connaissances relatives vérifiées par une méthode expérimentale - sont radicalement opposés pour la plupart des hommes, une opposition que le peintre cubiste français du XXe siècle Georges Braque met en évidence dans Le Jour et la nuit par la phrase : "L'art est fait pour troubler, la science rassure." Mais il nous semble rapidement que cela n'est pas toujours vrai. Alors, que sont exactement les concepts d'art et de science ? Qu'est-ce qui permet à Braque de poser cette affirmation ? L'art n'est-il fait que pour troubler ? La science peut-elle rassurer indéfiniment ? Quels sont leurs véritables visées et effets ? Et quelle est la relation entre ces deux notions : sont-elles vraiment opposées ?
Dans un premier temps, nous ne pouvons qu'être de la même opinion que Braque : l'art est fait pour troubler et la science rassure.
L'art, selon Kant, philosophe allemand du XVIIIe siècle, "est la belle représentation d'une chose et non la représentation d'une belle chose". L'écart marqué par le déplacement du qualitatif "belle" nous montre bien que l'art n'a pas pour fonction de copier la nature (bien qu'il tente parfois de la représenter exactement). L'art serait le fruit d'une activité qui produit le beau, qui donne de la beauté à une chose (et non de l'utilité, comme l'artisan). Or nous avons tendance à considérer les choses plutôt en fonction de leur utilité que de leur beauté (bien qu'il nous est impossible d'oublier totalement cette dernière composante) : cette conception de l'art nous trouble donc déjà car l'art n'a pas d'utilité première. En outre, puisque l'artiste ne représente pas exactement le réel, il exprime une autre vision de ce réel (...)
[...] Plus que ça, pour Kant, le beau est un sentiment du sujet. Et dire que l'art provoque des émotions chez le sujet, c'est dire qu'il le trouble donc l'art est bien fait pour troubler. Mais il ne faut surtout pas associer à ce mot un caractère péjoratif: ici, Braque est fier de troubler l'amateur, et tout artiste l'est: les larmes d'un public après l'interprétation d'un pianiste ne sont-elles pas la meilleure récompense ? Le beau, qui suscite un jeu de nos facultés par lequel nous éprouvons en nous le dynamisme même de la vie est en plus à double-sens, à la fois pour l'amateur mais aussi pour l'artiste. [...]
[...] Cela dans le but avoué de, comme l'a dit Descartes, se rendre comme maître et possesseur de la nature car contrôler cette nature qui nous échappe naturellement, détenir ce pouvoir et être ainsi en position de force dissipe nos craintes, endigue la peur et l'inquiétude et nous rassure. De cette manière, le peintre semble être dans le vrai, l'art nous trouble et la science nous rassure. Mais est-ce que troubler est le but premier, ou l'unique de l'art ? Et la science nous rassure t-elle en permanence, ne nous trouble t-elle pas aussi ? [...]
[...] L'art est fait pour troubler, la science rassure Braque. Qu'en pensez-vous ? Se retrouver devant un tableau d'art abstrait est souvent déroutant. Au contraire, savoir que grâce à la météorologie (et donc à la science) nous serons préparés en cas de forte tempête dissipe nos craintes. Et en ce sens, l'art -la représentation du beau selon le Robert, on ne pensera pas à l'art de l'artisan iciet la science -un ensemble cohérent de connaissances relatives vérifiées par une méthode expérimentale- sont radicalement opposés pour la plupart des hommes, une opposition que le peintre cubiste français du XXe siècle Georges Braque met en évidence dans Le Jour et la nuit par la phrase: L'art est fait pour troubler, la science rassure. [...]
[...] Au final, seul un point essentiel est différent: les artistes ont l'intention de créer le beau et donc de troubler, tandis que le trouble, ou même l'assurance, créés par la science ne sont pas intentionnels: l'art est en fonction du sujet et pas la science; et cette intention est finement retranscrite dans la phrase de Braque: L'art est fait pour troubler, la science rassure . Ainsi, la relation entre l'art et la science a été expliquée. En conclusion, si la célèbre phrase de Georges Braque est vraie sur de nombreux points, il a fallu la nuancer: on ne peut pas résumer l'art et la science en une seule phrase. [...]
[...] Nous serions alors des dieux plus que des hommes pleins de respect pour nos semblables, nous perdrions notre humanité. Ce déséquilibre entre puissance et âme est nécessairement une source d'inquiétude. Nous avons donc remarqué qu'il était nécessaire de nuancer notre citation: l'art n'est pas fait que pour troubler, la science ne rassure pas indéfiniment. Mais nous ne pouvons pas définir l'art et la science par des négations. Alors, quels sont leurs véritables visées et effets ? Quel lien existe t-il entre l'art et la science ? On a vu que par définition, l'art veut créer le beau. [...]
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