Dissertation de philosophie portant sur le sujet : L'art est-il un jeu de l'esprit ? La théorie du classicisme en art se focalise sur le concept de représentation, celle du romantisme sur celui de réel. Reste un troisième contenu lié à l'art : le plaisir. Et si l'art n'avait pour but que de nous faire plaisir ? Mais de quel plaisir s'agit-il alors ?
[...] La différence entre les deux tient à l'absence ou la présence d'une attitude de recul face à l'objet du plaisir. On peut voir et jouir d'un film sans recul, par les effets directs de l'objets matériel sur nous (s'il est efficace : sexe, violence, émotions diverses). C'est un plaisir INTERESSE, c'est à dire lié à l'existence matérielle de l'objet. Mais " la satisfaction qui détermine le jugement de goût est indépendante de tout intérêt " (Première partie, première section, livre premier moment, et " le jugement de goût est purement contemplatif " (idem, II. [...]
[...] L'homme sans goût jouira des effets de mode et fuira la nouveauté. Sans capacité à déceler le génie créateur, il est incapable d'aborder l'art dans ses nouveautés, d'autant plus déroutantes qu'elles sont créatrices. Mais une telle hypothèse peut être retournée, de la même manière que Spinoza retourne l'hypothèse aristotélicienne du rapport entre le désir et son objet. On peut en effet supposer que le Beau n'est pas un effet objectif (émanent de l'être) mais subjectif (émanent du sujet). Nous ne serions pas attirés par une oeuvre parce qu'elle est EN SOI attrayante (dévoilant l'être qui serait le désirable objectif). [...]
[...] Kant se contente donc de conclure que le jugement de goût se plaît aux objets qui donnent un sentiment de finalité, de correspondre à une INTENTION CLAIRE, sans qu'il y ait de finalité claire à l'origine de l'objet. Aucun artiste en effet ne pourrait expliquer le but clair visé par son oeuvre. S'il le fait, alors son oeuvre est un objet technique et non artistique. Si l'intention d'un cinéaste est de nous faire pleurer, alors on peut mesurer la réussite de son film (de son projet) au nombre de mouchoirs consommés pendant la séance. [...]
[...] Il tâchera de convaincre. Une telle volonté est incompréhensible, bien sur, pour qui n'a qu'un rapport de consommation (d'agrément) avec le cinéma ou la musique : l'existence du métier de critique (de cinéma ou de musique) lui semble totalement absurde. Pour reprendre des expressions d'Aristote, le jugement de goût relève de la " parole " et non de la " voix Cependant, le jugement de goût n'est pas un jugement de connaissance : on ne possède aucun moyen pour prouver que tel jugement est vrai, et tel autre faux. [...]
[...] Bilan : Kant nous propose une description du jugement de goût, qui en dégage toute l'étonnante singularité. La tâche qui suit consiste alors à comprendre ce qu'est l'esprit humain, pour qu'une chose telle que le jugement de goût soit possible. Mais nous nous arrêterons ici. Le beau apparaît comme l'objet d'un désir sans déclenchement matériel, visant un but qui reste indéterminé, suscitant une connaissance également indéterminée. Tout se passe comme si, nous dit Kant, l'esprit humain, dans l'esthétique, jouait " à vide " avec lui-même. [...]
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