Corrigé de dissertation de Philosophie sur le sujet : "Doit-on apprendre à être libre ?".
[...] (voir, à ce sujet, les travaux de P. Bourdieu). Ensemble, ils conditionnent non seulement notre jugement sur le monde et sur nous-mêmes, mais aussi nos envies, nos désirs. Le conditionnement est si bien ancré qu'il devient difficile de déceler, en certaines de nos pensées, en certains de nos désirs, des préjugés (des pensées toutes faites, que nous faisons nôtres et que nous considérons vraies sans critique, parce que cela est plus confortable). Par conséquent, cette liberté, que l'on pourrait qualifier de naturelle avec J.J. [...]
[...] Descartes le dit bien, lui qui, pour rechercher une première vérité solide, décide de suspendre ses activités, de se couper du monde, afin de se défaire de ses préjugés et de les traquer (voir Méditations métaphysiques, Au lieu de considérer la liberté comme le pouvoir d'agir selon es envies, nous avons laissé entendre qu'elle se trouvait plus sûrement dans la possibilité qui nous est donnée de choisir. Or, un choix, pour être un libre choix, se doit d'être un choix éclairé. Par conséquent, l'exercice de la liberté implique que nous travaillions à nous défaire de certains préjugés, qui obscurcissent notre libre-arbitre. Descartes remarque que la liberté de notre volonté se connaît sans preuve, par la seule expérience que nous en avons (Principes de la philosophie, 39). L'homme est libre par nature. La notion de nature est ici synonyme d'essence. [...]
[...] Souvent, nous prenons conscience de notre liberté lorsqu'on nous en prive. Et l'épreuve de la privation arrive très tôt dans une vie : dès lors que l'enfant se voit contraint, par son milieu, de ne plus céder à ses multiples envies. C'est peut-être d'ailleurs à ce moment que se constitue le préjugé selon lequel la liberté est synonyme de laisser-faire. Or un contresens est ici à éviter : l'enfant devenu adolescent, auquel on impose des conduite contre nature découvrent qu'il est libre, non pas parce qu'il peut, malgré les injonctions qui lui sont faites, continuer d'agir selon ses envies ; mais parce qu'il découvre qu'il est capable d'opérer des choix. [...]
[...] Cependant, comme le remarque encore une fois Descartes, l'entendement ne s'étend qu'à ce peu d'objets qui se présentent à lui, et sa connaissance est toujours fort limitée ; au lieu que la volonté en quelque sens peut sembler infinie, parce que nous n'apercevons rien qui puisse être l'objet de quelque autre volonté, même de cette immense qui est en Dieu, à quoi la nôtre ne puisse aussi s'étendre. (Méditations) La conséquence de la dissymétrie entre mon entendement (ma faculté de connaître), qui est fini, limité, et ma volonté (ma faculté de vouloir), qui est infinie, c'est le risque toujours ouvert de l'erreur. Parce que mon entendement est limité, je ne suis jamais absolument sûr de faire le bon choix. Et l'on comprend d'ailleurs ici l'effet protecteur des préjugés. En effet, je puis certes me libérer d'eux, de leur emprise. [...]
[...] Deux arguments permettent de fonder ce pont de vue. Premièrement, agir librement c'est agir selon sa raison. Or la raison est universelle, c'est-à- dire partagée par tous les hommes et fondement de leur humanité. Par conséquent, l'action libre sera celle qui, parce que fondée en raison, respecte en chaque homme son humanité (fondée sur sa raison). S'obliger à être libre, et donc apprendre à le devenir, c'est respecter l'humanité en chaque homme. Nous ne dépassons assurément pas les limites que Descartes a mises au jour (la question sur le sens final de l'existence n'est pas levée), mais en comprenant que la liberté est, plus qu'une aspiration légitime, un devoir, nous comprenons que notre chemin est d'apprendre à être libre (point que Descartes fondait sur le fait que Dieu avait décidé lui-même de créer l'homme libre) et qu'en cet apprentissage, c'est l'idée même d'humanité que nous tentons de réaliser. [...]
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