Que le savoir implique un pouvoir, c'est là chose très évidente. Il est en effet indéniable que notre connaissance de la nature, qui se fait de plus en plus précise, nous donne les moyens de ne plus être totalement soumis à son joug, d'agir sur elle, ce qui ne signifie toutefois pas la maîtriser comme un maître qui aurait tout pouvoir sur son esclave. Nous ne pourrons jamais empêcher un cyclone ou un raz de marée. Mais la science nous donne au moins les moyens de prévenir ces catastrophes naturelles et donc de (...)
[...] Loin s'en faut. Cela devrait-il nous convaincre à ne confier le pouvoir qu'à des experts, qui savent de quoi ils parlent ? Et bien, pourtant, non, s'ils ignorent le savoir fondamental qui autorise à gouverner, non pas le savoir que l'on apprend dans les livres, mais celui qui permet la vie harmonieuse avec autrui. Ce savoir, en pouvant être universellement revendiqué, sauve la démocratie : celle-ci a bien ses dangers, mais, comme le reconnaît Socrate lui-même, si tant est qu'il en fut véritablement un adversaire comme le prétendirent ses ennemis, elle est le moins mauvais des régimes. [...]
[...] Lorsque Hermès lui demande s'il doit répartir ces deux éléments entre tous ou seulement les donner à certains, Zeus répond : Répartis-les entre tous, et que tous y prennent part ; car il ne pourrait y avoir de cités, si seul un petit nombre d'hommes y prenaient part Ce mythe, d'inspiration profondément démocratique, nous amène à conclure que, même si les hommes ne sont pas tous pourvus des mêmes capacités intellectuelles, ils ont tous également en partage la capacité qui en fait les membres d'une cité. Tout citoyen est pourvu de cette vertu politique élémentaire dont il a besoin pour vivre en communauté. La preuve qu'il la possède, c'est qu'il vit en communauté. S'il n'a pas laissé cette vertu s'altérer, et si ses concitoyens la reconnaissent en lui, de quel droit serait-il empêché d'exercer le pouvoir ? [...]
[...] Enfin, quel serait le rapport idéal entre le savoir et le pouvoir ? Que le savoir implique un pouvoir, c'est là chose très évidente. Il est en effet indéniable que notre connaissance de la nature, qui se fait de plus en précise, nous donne les moyens de ne plus être totalement soumis à son joug, d'agir sur elle, ce qui ne signifie toutefois pas la maîtriser comme un maître qui aurait tout pouvoir sur son esclave. Nous ne pourrons jamais empêcher un cyclone ou un raz de marée. [...]
[...] Alors, le savoir, finalement, peu nous importe ! Nous pourrions même nous en moquer, si jamais quelqu'autre moyen se révélait plus efficace pour acquérir du pouvoir Voilà donc débusqué le constat d'un pouvoir sans savoir, d'un pouvoir qui n'a que faire du savoir. Ce constat, Socrate, dans son apologie, l'a déjà fait, lorsqu'il s'est livré à une enquête auprès des hommes politiques, des poètes et des artisans. Ces derniers, du fait de leur savoir faire, prétendent tout savoir, alors qu'il n'en est rien. [...]
[...] Le but n'est pas de transmettre un savoir, mais de l'emporter démagogiquement sur toute rationalité par des figures de style bien amenées ; ce n'est plus le logos comme art dialectique du débat qui est recherché, mais le logos comme art politique du combat où le but n'est pas d'avoir raison mais de faire croire que l'on détient la vérité en terrassant son adversaire. Le rhéteur est capable de parler de tous les sujets : il pourrait convaincre le malade de suivre ses recommandations plus que celles du médecin. Et pourtant, sans rien savoir au sujet des objets dont il parle, il entretient sur la foule un pouvoir immense. [...]
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