Nous verrons dans un premier temps que l'ignorance de son bonheur est non seulement une capacité, mais en plus semble être une fatalité. Puis nous essaierons de montrer en quoi l'ignorance, en toute conscience, de son bonheur semble impossible face à l'honnêteté intellectuelle. Enfin, nous verrons que l'ignorance du bonheur provient essentiellement de la méconnaissance de soi (...)
[...] Ne doit- on pas chercher à connaître son bonheur par la connaissance de sa nature et de son environnement? Le constat de l'ignorance de son bonheur est souvent la cause d'un conflit avec soi-même. Ne pas connaître son bonheur à en effet pour conséquence un mal-être du sujet qui peut s'avérer destructeur dans certains cas. Mais y aurait-il conflit si le sujet se connaissait ? Serait-il en proie au malheur s'il connaissait son bonheur ? C'est ce genre d'interrogation qui associe immanquablement connaissance de son bonheur et connaissance de soi. Car le bonheur reste avant tout une attente. [...]
[...] Que cela s'appelle la dévotion, la charité ou le don de soi, c'est toujours l'idée de rendre plus heureux une personne ou un groupe de personne qui serait dans le malheur qui ressort. Celui qui participe à une association caritative ou qui fait un don tire également une certaine satisfaction qui l'amène à saisir la nature de son bonheur, un bonheur désintéressé. Mais comme le rappelle André Gide dans Les Nouvelles Nourritures: "Ne peut rien pour le bonheur d'autrui celui qui ne sait être heureux lui-même". Dès lors, le bonheur altruiste ne peut survenir que dans un second temps, après avoir trouvé son bonheur en lui. [...]
[...] Ne pas connaître son bonheur n'est alors plus une fatalité, puisque cela ne pose plus de problème pour celui qui se connaît. Dès lors, son objectif ne sera plus la connaissance de son bonheur, mais sa maîtrise. Une maîtrise qui s'effectue à deux niveaux. Le premier restera très basique. Il consistera à prendre les bonnes initiatives pour maintenir son bonheur, pour connaître son évolution et pour en tirer toute satisfaction. Alors que le second sera d'un ordre tout autre puisque c'est le rayonnement de son bonheur qui est visé. Car maîtriser son bonheur ne saurait constituer le bonheur. [...]
[...] Car lorsqu'on pose la question "peut-on ignorer son bonheur?", on sous- entend que chacun à du bonheur. Et en effet, étant donné que le bonheur est relatif, on peut toujours trouver son bonheur. En fait, même sans être heureux, on sait que quelque part, certains sont encore plus malheureux, et donc, relativement à eux, on est heureux et on ne peut ignorer ce bonheur. Bien entendu, cela fonctionne jusqu'à un certain point, et on est en droit de se demander si ceux qui sont dans le dénuement le plus total, ceux qui n'ont a priori rien pour être heureux peuvent tenir un tel raisonnement. [...]
[...] On ne peut en effet concevoir le bonheur comme but que dans un premier temps. Lorsqu'on se méconnaît soi-même, le but de la vie est la connaissance de soi, dans le but d'être heureux. Mais lorsque ce stade est franchi, à supposer qu'il puisse l'être un jour, le bonheur n'est plus le but à atteindre, mais en quelque sorte la récompense des efforts fournis. Dans Citadelle, Antoine de Saint-Exupéry va dans ce sens lorsqu'il affirme : Si tu veux comprendre le mot de bonheur, il faut l'entendre comme récompense et non comme but. [...]
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