Du goût, des couleurs, tout le monde en a ! En effet, se poser la question de l'éventualité de pouvoir discuter du goût et des couleurs sous-entend d'emblée que chacun a ses préférences, son propre jugement. Si l'on se contente des croyances de la Doxa, la réponse à cette question ne se fait pas attendre, et elle est, qui plus est, bien connue : « On ne discute pas du goût et des couleurs ». Or il convient de se détacher, à présent, de cette doxa emplie de préjugés, afin de comprendre les circonstances dans lesquelles une telle discussion puisse se faire pour permettre alors un échange, si possible constructif, de différents points de vue. Elle se fait, en outre, surtout devant des oeuvres d'art ou des objets ayant des caractères artistiques éveillant ainsi le goût de chacun.
De ce fait, est-il possible, voire légitime, d'opposer des arguments et des points de vue différents face à un jugement relevant de l'apparence, de la beauté ?
D'emblée, il parait évident de réfuter la thèse de la Doxa : tous les jours, nous sommes amenés à faire cet effort de jugement et de discussion face à des oeuvres d'art ou tout autre situation. Comment, à travers la contemplation artistique notamment, pouvons-nous alors discuter du goût et des couleurs ? Toutefois, face à ces discussions, il existe conceptuellement une certaine idée d'universalité face à la beauté, quelle est-elle ? Dès lors, il paraît logique que cette discussion ne reste pas sans conséquence, quelle en est alors sa portée, sa finalité ?
Il paraît possible, en premier lieu, de pouvoir discuter des goûts et des couleurs grâce à la contemplation artistique. C'est parce qu'on a accès à des oeuvres d'art, vecteur d'émotions propres à chacun, qu'il est possible de la juger, de l'apprécier ou non et donc d'évoquer ses propres goûts, ses préférences. En effet, cet accès à l'art se fait, de nos jours, notamment dans les musées, par opposition au spectateur antique qui vivait au sein des oeuvres d'art, ou plutôt, devrait-on dire, au sein des objets techniques puisque chez les Grecs, art et technique ne faisaient qu'un seul concept. (...)
[...] Mais des différences de points de vue sur une œuvre peuvent aussi être une dissuasion sur les moyens de s'exprimer : la dissuasion de ces points de vue est-elle tout aussi légitime ? L'Art étant un moyen de s'exprimer, il donne alors l'occasion d'adhérer ou non à un message fort qu'il transmet. On peut alors discuter sur les moyens mis en œuvre pour exprimer ce message et si celui-ci il est de bon goût par exemple. Prenons l'exemple de certaines œuvres qui sont pour le moins controversées. [...]
[...] Ce jugement paraît dès lors entièrement subjectif et est donc propre à chacun. Ce qui implique une certaine diversité de points de vue qui peuvent alors être échangés et faire l'objet d'une discussion. Toutefois, il existe certaines règles en Art qui peuvent influencer d'une certaine manière ce jugement. Par exemple, il y a les nombreuses règles de composition que ce soit en peinture ou en photographie : la règle des tiers, l'importance des points d'or Elles constituent alors un moyen de juger l'œuvre car elles permettent une approche plus technique, mais étant donné que ce ne sont que des règles, l'artiste n'est pas tenu de les appliquer. [...]
[...] Cette discussion permet, enfin, de donner à l'Art toute sa force et ainsi de révéler la propre nature de l'homme. Effectivement, la discussion a un effet d'aléthéia : elle permet de lever le voile sur ses propres goûts afin de les expliquer et de pleinement les ressentir. D'après Bergson (Rire) : Le but de l'Art est de révéler ce qui en nous et extérieurement à nous existe déjà De cette manière la discussion de ce que nous fait éprouver une œuvre d'art permet de nous révéler à nous-mêmes, c'est-à-dire qu'elle permet à la fois la prise de conscience de soi-même mais aussi de l'environnement. [...]
[...] Quelle est la nature de ce jugement et sur quoi repose-t- il ? Discuter du goût et des couleurs est, ensuite, rendu possible par le jugement, propre à chacun, qu'il fait sur ce qu'il voit et contemple. Ce jugement est, selon Kant, un jugement réfléchissant comme il le décrit dans son œuvre Critique de la faculté de juger. Le jugement réfléchissant qui s'applique à l'Art se caractérise par le fait qu'il n'existe aucune loi permettant de juger objectivement une œuvre : il est impossible de subsumer, de dégager une loi universelle. [...]
[...] Philosophie Dissertation Sujet : Peut-on discuter des goûts et des couleurs ? Du goût, des couleurs, tout le monde en a ! En effet, se poser la question de l'éventualité de pouvoir discuter du goût et des couleurs sous- entend d'emblée que chacun a ses préférences, son propre jugement. Si l'on se contente des croyances de la Doxa, la réponse à cette question ne se fait pas attendre, et elle est, qui plus est, bien connue : On ne discute pas du goût et des couleurs Or il convient de se détacher, à présent, de cette doxa emplie de préjugés, afin de comprendre les circonstances dans lesquelles une telle discussion puisse se faire pour permettre alors un échange, si possible constructif, de différents points de vue. [...]
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