Le progrès désigne, au sens large, l'évolution générale de l'humanité vers un terme idéal. Victor Hugo, dans Les Misérables considère ainsi que « la vie générale du genre humain s'appelle le progrès ; le pas collectif du genre humain s'appelle le progrès ». Au sens plus strict, on entend par progrès le progrès scientifique, les avancées de la recherche et les innovations techniques qui en procèdent, la science moderne ne se contentant plus d'être contemplative. Paul Valéry dans Regards sur le monde actuel en offre la définition suivante : « Éliminant toute considération d'ordre moral, politique, esthétique, le progrès me parut se réduire à l'accroissement très rapide et très sensible de la puissance mécanique utilisable par les hommes, et à celui de la précision qu'ils peuvent atteindre dans leurs prévisions. »
[...] C'est le constat que dresse après la Deuxième Guerre mondiale Adorno, qui, parodiant Hegel estimant avoir vu à Iéna, à travers Napoléon, l'esprit du monde monté sur un cheval, écrivait en 1944 avoir aperçu l'esprit du monde non pas à cheval, mais sur les ailes d'une fusée sans tête 2. L'autonomie de la science alimente les craintes d'un progrès incontrôlé qui conduirait à violer les lois de la nature. L'un des slogans de l'exposition universelle de Chicago en 1933 affirmait : La science trouve, l'industrie applique, l'homme s'adapte. Cette idée d'une technologie autonome, détachée de toute fin humaine et privée de sens, a de quoi effrayer si personne n'ose remettre en cause l'insatiable curiosité intellectuelle à l'origine de la recherche scientifique et des innovations techniques. [...]
[...] Le progrès scientifique, devenu à la fois envahissant et incontrôlé, inquiète, et apparaît parfois comme dissocié du progrès humain. A. Le progrès scientifique est parfois accusé de bouleverser un ordre antérieur jugé préférable Le progrès bouleverse les structures sociales, et peut susciter le mécontentement de ceux qui s'en estiment les perdants Le progrès est parfois accusé de bousculer la tradition et la simplicité des mœurs. B. La rationalité scientifique serait devenue envahissante Le scientisme triomphe jusqu'au début du XXe siècle Jugé réductrice, la primauté accordée à la rationalité scientifique est progressivement contestée. [...]
[...] La bioéthique remplirait une fonction d'acclimatation, c'est-à-dire qu'elle anticiperait, préparerait, l'avènement inéluctable d'une nouvelle technique. Les débats soulevés contribueraient tout au plus à habituer les esprits aux mutations scientifiques en cours. Loin de réguler la science, le droit ne ferait que faciliter son acceptation : La bioéthique remplit de fait une fonction de jardin d'acclimatation ou, pour le dire sous une forme moins métaphorique, elle est un processus discursif d'intégration anticipée. On peut constater d'ailleurs que la condamnation de la dernière innovation en date va souvent de pair avec l'acceptation d'une innovation précédente qui, précédemment, était largement critiquée, voire condamnée. [...]
[...] Le rationnel docteur souriait de cette sentimentalité, dont il ne daignait savourer, en connaisseur sérieux, qu'une chose le timbre. L'auteur se moque d'une science dont les ambitions exagérées détruisent le mystère qu'elle voulait percer. Le scientisme traduit une hypertrophie de la rationalité scientifique. On retrouve là la métaphore de la maladie, identifiée par Hegel dans Encyclopédie des sciences philosophiques comme la prise de contrôle de la totalité par un organe désolidarisé (la raison) : L'organisme se trouve dans l'état de maladie quand un de ses systèmes ou organes, irrité dans un conflit avec la puissance inorganique, s'établit pour lui et s'obstine dans son activité particulière, contre l'activité du tout dont la fluidité et le processus traversant tous les moments sont enrayés. [...]
[...] Ton siècle était, dit-on, trop jeune pour te lire ; Le nôtre doit te plaire, et tes hommes sont nés. Le progrès technique est en outre enclin à devenir autonome, et la communauté scientifique à se réfugier dans sa thébaïde : obsédée par son appétit de connaissance, au risque de renverser le rapport de domination entre l'homme et l'outil. Il est de ce point de vue possible d'opposer dans l'inconscient collectif la figure de Pasteur, le chercheur bienfaiteur de l'humanité, à celles de Frankenstein ou Faust, savants ivres d'orgueil n'hésitant pas à enfreindre les règles de la nature pour satisfaire leur volonté prométhéenne. [...]
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