Simple interrogation ou question rhétorique qui en appellerait une autre : y a-t-il encore des héros ?
C'est en effet une critique récurrente faite à notre époque de ne plus produire de grands hommes et d'être caractérisée par l'interchangeabilité d'individus égocentriques et efféminés.
La gloire n'aurait plus la connotation positive des poésies épiques ni celle qui dominait dans le coeur des figures telles que Bonaparte ou De Gaulle. Selon les Anti-lumières, dénonçant la Crise de la culture Européenne, les individus mués par la raison seule, seraient des "mollusques encroûtés", or on voit mal un mollusque lutter passionnément les armes à la main...
La critique est abusive, elle témoigne d'une lecture simpliste du projet moderne, un projet dont les contradictions et les ambiguïtés sont inhérentes aux ambitions nourries par des penseurs à la Rousseau, qui, s'il fait la part belle à la raison, n'en est pas moins l'auteur des Rêveries du promeneur solitaire pour lui "la force de l'âme est le caractère essentiel du héros : c'est par elle qu'il vainc ses passions et touche au sublime" la modernité est une émancipation par la raison mais elle n'est pas une négation de la passion les guerriers illustres doivent prêcher le courage afin de se former de "vertueux successeurs et transmettre d'âge en âge aux générations suivantes, l'expérience et les talents des chefs, le courage et la vertu des citoyens, et l'émulation commune à tous de vivre et mourir pour la patrie".
Le projet moderne ne rejette pas la possibilité de prendre les armes, mais à la condition que la cause soit juste, et c'est peut-être là tout le problème : comment définir une cause juste ?
Le héros est un personnage asocial, caractérisé par sa démesure. La démocratie promue par la modernité se fonde sur la raison, aussi les critiques des Lumières ont pu y voir une mise hors jeu du héros, c'est ce que nous verrons dans un premier temps (...)
[...] Ce n'est qu'en accédant au sublime que le héros parvient à vaincre ses passions. Qu'est-ce qu'un héros aujourd'hui ? La question suppose d'identifier ceux qui luttent pour une cause qu'ils estiment juste. C'est donc ce que nous proposerons de faire dans un second temps. * Dans l'épopée ou la tragédie le héros est celui qui est animé d'ambitions ou des passions que n'autorise pas la condition humaine son châtiment par les dieux prend alors une dimension pédagogique et morale à un moment où, parallèlement, naît la démocratie. [...]
[...] Tout dépend de la manière dont on définit la justesse d'une cause. Si l'on adopte le point de vue d'un fondamentaliste islamiste pour qui le jihad est une cause juste alors Mohammed Atta répond aux critères qui font le héros dans un acte irrationnel et démesuré, il sacrifie sa vie au nom d'une cause qu'il considère comme juste. * "Les héros sont marqués d'une démesure qui signale leur exception. Mais ils ne sont pas non plus exempts des faiblesses qui les ramènent à l'humanité moyenne. [...]
[...] Une définition insatisfaisante car elle semble impliquer que chaque individu peut-être un héros. Qu'est ce qui caractérise alors le héros, aujourd'hui, par comparaison au héros tragique ? Si l'esprit du temps est l'individualisme le héros moderne est un héros égocentrique. Le héros est forcément un héros de le héros d'une cause pour ou le héros de quelqu'un : mon père est mon héros. Mais aujourd'hui le héros être son propre héros, qui se met lui-même en scène. [...]
[...] Tout le problème est de définir une cause juste : quelles causes sont considérées comme justes aujourd'hui, ce sera l'objet de notre troisième développement. * Etablir la démocratie là où elle ne l'est pas encore et considéré comme une cause juste. Les organisations militantes qui bravent le pouvoir font preuve d'héroïsme. Bernard Kouchner estime qu'« entrer sans visas dans un pays et avec des moyens conséquents sont deux conditions sine qua non pour une intervention humanitaire MSF transgresse une règle établie par le droit international au nom d'une cause, ses volontaires acceptent de courir le risque de se voir privés de liberté. [...]
[...] Peut-on encore parler de héros de nos jours ? Simple interrogation ou question rhétorique qui en appellerait une autre : y a-t-il encore des héros ? C'est en effet une critique récurrente faite à notre époque de ne plus produire de grands hommes et d'être caractérisée par l'interchangeabilité d'individus égocentriques et efféminés. La gloire n'aurait plus la connotation positive des poésies épiques ni celle qui dominait dans le cœur des figures telles que Bonaparte ou De Gaulle. Selon les Anti-lumières, dénonçant la Crise de la culture Européenne, les individus mués par la raison seule, seraient des mollusques encroûtés or on voit mal un mollusque lutter passionnément les armes à la main La critique est abusive, elle témoigne d'une lecture simpliste du projet moderne, un projet dont les contradictions et les ambiguïtés sont inhérentes aux ambitions nourries par des penseurs à la Rousseau, qui, s'il fait la part belle à la raison, n'en est pas moins l'auteur des Rêveries du promeneur solitaire pour lui la force de l'âme est le caractère essentiel du héros : c'est par elle qu'il vainc ses passions et touche au sublime la modernité est une émancipation par la raison mais elle n'est pas une négation de la passion les guerriers illustres doivent prêcher le courage afin de se former de vertueux successeurs et transmettre d'âge en âge aux générations suivantes, l'expérience et les talents des chefs, le courage et la vertu des citoyens, et l'émulation commune à tous de vivre et mourir pour la patrie Le projet moderne ne rejette pas la possibilité de prendre les armes, mais à la condition que la cause soit juste, et c'est peut-être là tout le problème : comment définir une cause juste ? [...]
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