Les succès croissants rencontrés par le Salon de l'Agriculture organisé chaque année à Paris témoignent de l'attachement de la société française à ces sources rurales. Il est coutume d'entendre dire que chaque Français a une ascendance paysanne. Cet attachement est d'autant plus vif qu'il est perçu à une époque où la vie urbaine est rejetée et que l'alimentation suscite de réelles interrogations en matière de qualité (les produits du terroir) ou de santé publique (la vache folle) (...)
[...] Cette recherche de la productivité ne s'imposa pas comme une évidence. Il fallut notamment les apports d'un Marcel Braibant ou d'un René Dumont (auteur de Misère ou Prospérité paysanne et Le problème agricole français) pour inciter les pouvoirs publics dans cette voie. Ce souhait de favoriser le progrès agricole, apparu très tôt (Sully et la reconstruction du pays après les guerres de religion, ou le XVIIIème siècle agrairien avec par exemple en 1788, Rougier de Labergerie qui publia ses Recherches sur les principaux abus qui s'opposent au progrès de l'agriculture) s'est imposé au XXème siècle. [...]
[...] Derrière la campagne, se dessine davantage un attrait pour le paysage en tant que décor perdu dans une société urbanisée et industrialisée à l'image des poèmes d'Emile Verhaeren dans Les campagnes hallucinées ou Toute la Flandre. Là aussi, une certaine ambiguïté se dégage : Verhaeren est également fasciné par l'essor des villes (Les Villes tentaculaires, les Rythmes souverains). Le monde rural existe donc. Apparu sous cet angle récemment, il se substitue à un monde paysan disparu. Il repose toutefois sur une ambiguïtéessentielle : le monde rural est la représentation d'un monde à préserver aux yeux d'une société désormais urbaine et technique. [...]
[...] Ce dernier voit dans la campagne, en l'espèce le bocage vendéen, une protection et une solitude utiles pour cet «éliminé de la vie moderne pour reprendre sa propre expression. Pour autant, cet attachement à la ruralité n'est il pas sans ambiguïtés ? A quelles conditions l'avenir du monde rural est-il effectivement envisageable ? Si la disparition du monde paysan s'est traduit par une transformation profonde du monde rural, le retour à ce dernier n'est sans ambiguïtés. Le monde rural est né de la disparition de la civilisation paysanne. Cette disparition est toutefois partielle et traduit avant tout une transformation en profondeur de la société. [...]
[...] En premier lieu, il n'est pas à proprement parler nouveau. Le thème du retour à la terre est assez récurrent dans les sociétés en transition. Utilisée pour justifier un génocide au Cambodge dans les années 70, l'idée que la société paysanne doit être celle de référence a sa place dans l'histoire des idées politiques en Europe. Sous la Troisième République, le rattachement de la société paysanne à l'idée républicaine a fait l'objet de conflits politiques entre Républicains et Conservateurs (à l'image des banquets républicains Jules Méline, ministre de l'agriculture et président du conseil a eu le souci de s'attacher le vote des campagnes en créant notamment la médaille du mérite agricole et en soutenant une politique protectionniste (les tarifs Méline en 1892) contraire au discours libéral de son action gouvernementale. [...]
[...] Le ministère chargé de l'agriculture s'appelle en réalité ministère de l'agriculture, de la pêche, de l'alimentation et des affaires rurales La réforme de la politique agricole commune (PAC) en juin 2003 prend désormais en considération les investissements et les actions visant à développer ce secteur et qui permet de lutter contre une désertification des campagnes et tient à concilier productivité et sécurité alimentaire. En effet, le monde rural est inégal. Certaines zones sont abandonnées nécessitant des politiques publiques d'accompagnement ciblées (la loi Montagne de 1985 par exemple). De même, l'action publique en faveur du monde rural porte sur la sécurité alimentaire. [...]
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