De tout temps, l'homme croit : il imagine que certaines choses vont évoluer dans un sens, il croit que son futur ressemblerait à une vie plus simple et agréable ... mais il croit aussi en Dieu ou, plus généralement, en un principe supérieur. Ce sentiment religieux est, lui aussi, bien ancré dans l'humanité. L'homme peut avoir cru et croire par crainte de ces puissances divines (et c'est le cas de nombreuses civilisations qui expliquaient des catastrophes par les colères des dieux comme pour les Grecs), même si aujourd'hui on peut constater qu'il y a de moins en moins de croyants dans la religion judéo-chrétienne, il n'en est pas moins que les mouvements sectaires n'ont jamais été aussi important que de nos jours. Ainsi l'homme croit-il en tout genre de choses et le philosophe peut alors se demander si ces croyances sont un atout ou au contraire un frein pour l'homme.
De ce fait, le fait de croire au sens religieux tout comme au sens épistémologique, qui relève alors du doute, constitue-t-il une faiblesse, un handicap ou peut au contraire être une force ?
D'emblée il parait bien que la croyance, religieuse ou non, soit une faiblesse puisqu'elle implique une idée d'ignorance, de non maitrise totale. Toutefois, il existe des gens croyants qui ont pu grâce à leur foi notamment, « soulever des montagnes », pour reprendre l'expression populaire. Croire pourrait être alors aussi une force ? Dès lors, ne pourrait-on pas dire que croire est le propre de l'homme et que ses croyances illustrent son ambivalence ?
Croire apparait en premier lieu comme une faiblesse. Croire, c'est ne pas être sûr, tenir pour vrai ce dont on ne détient pas la preuve, par opposition au savoir. Le fait de croire commence là où la connaissance s'arrête. Cela peut alors déboucher sur le doute et alors sur des problèmes d'ordre épistémologique, ce qui constitue de ce fait, une faiblesse (...)
[...] Ne serait-ce pas plutôt une aliénation totale de l'homme ? La montée de l'athéisme moderne au XIXème siècle démontre l'aliénation des hommes à Dieu, ce qui constitue alors une faiblesse puisque cela porte entre autre atteinte à la liberté des hommes et à sa créativité par exemple puisqu'il se heurtera à des freins pas forcément légitimes émanant de cette aliénation. Feuerbach affirme, par exemple, dans son ouvrage L'Essence du Christianisme que ce sont les hommes qui ont inventé Dieu en lui conférant toutes les qualités humaines et en les exagérant positivement. [...]
[...] On peut effectivement être sûr mais ne pas être capable, d'où une certaine dangerosité de la confiance en soi, car elle peut donner l'illusion d'une capacité que l'on ne possède pas et dont les conséquences peuvent alors être mauvaises. Le fait de croire peut donc conférer une certaine force à l'homme, mais croire ne serait-ce pas en fin de compte le propre de l'homme, quelque chose dont l'homme ne peut se passer ? L'homme, étant un être métaphysique et ambivalent, ne peut pas s'empêcher de croire. [...]
[...] Cette faiblesse est d'autant plus handicapante dans le cas où l'ignorance nous amène justement à croire en les propos que tiennent certaines personnes alors que ces propos se révèlent faux ! On croit alors lorsqu'on n'a pas de preuve et la faiblesse de cette entreprise est relatée par Alain lorsqu'il dit qu' une idée est fausse dès l'instant où l'on s'en contente c'est- à-dire dès l'instant où on n'en cherche pas la preuve irréfutable, dès l'instant où l'on admet cette idée. [...]
[...] Mais dans une plus large mesure, croire est en fait le propre de l'homme, c'est ce qui le différencie des animaux, c'est ce qui caractérise son ambivalence, son caractère paradoxal et son conflit intérieur entre forces et faiblesses, bien et mal. La croyance est donc indéniable à l'homme. [...]
[...] Le sentiment religieux et le fait de croire paraissent donc comme attachés encore une fois à l'homme. Cette idée est relayée par Dostoïevski lorsqu'il déclare Si Dieu est mort, tout est permis Il n'y a alors plus de valeurs transcendantes et premières. Il faudrait alors s'inventer chacun ses propres valeurs, or le commun des mortels ne peut pas forcément réussir dans une telle entreprise. Sartre dit d'ailleurs à ce propos En effet, tout est permis si Dieu n'existe pas, et par conséquent l'homme est délaissé, parce qu'il ne trouve ni en lui, ni hors de lui une possibilité de s'accrocher [ ] Nous ne trouvons pas en face de nous des valeurs et des ordres qui légitimeront notre conduite. [...]
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