En quoi la réflexion philosophique permet-elle de discerner et séparer les principes objectifs de morale et de vérité envisagés successivement par l'Etat et par l'Eglise ? En assignant à la philosophie la mission de s'interroger sur les éléments essentiels qui fondent notre pensée, Hegel en vient à distinguer non pas la vérité en elle-même, qui par nature est une et universelle, mais les bases sur lesquelles elle se fonde de l'avis de l'Eglise ou de celui de l'Etat (...)
[...] Toutefois, cette opposition relative ne se manifeste pas tant que l'Église et l'État ne se rencontrent pas. Car la religion est avant tout le moyen pour l'homme d'expliquer, par l'acte volontaire de foi, les questions dont il semblerait que la science ou la raison comme déduction logique fondée sur des postulats que l'on peut communément admettre, ne pourront jamais ou 1 tout au moins ne peuvent pas encore résoudre. Aussi peut-il être suffisant pour une Église que de répondre à certaines de ces questions, et d'apporter au fidèle par la constitution d'un culte le moyen de manifester ses convictions, et de réaliser se définir physiquement autant que spirituellement comme croyant en prenant part à la célébration d'une divinité. [...]
[...] Il suffit à l'homme de suivre les recommandations de son esprit pour connaître ces principes objectifs. Mais pour Hegel, l'enseignement des principes chez l'homme, ne peuvent pas être innés, ou tout au moins doivent-ils être révélés à l'enfant, par le biais de l'éducation qui, toujours pour Hegel, revient à l'État. De fait, si l'Église et l'État ont une même vision de la morale, de la vérité et de la raison, puisque ce sont des principes communs à tout être humain, ils ne sont pas enseignés ni révélés par les mêmes moyens. [...]
[...] Mais cette démarche du croyant même si elle peut être généralisée par de nombreux croyants, elle n'en demeure pas moins le choix de chaque homme, et à cet égard, une opinion subjective puisqu'il n'est pas possible de prouver de façon pleinement rationnelle la vérité divine, qui, par essence, n'est point humaine et donc indépendante. À l'inverse, l'État invoque du citoyen une 2 démarche civique. C'est afin de bâtir l'ordre social, la vie commune, qu'il est nécessaire de développer chez l'homme cette conscience civique qui l'amène à considérer comme le plus précieux de ses biens sa morale publique. [...]
[...] Il en vient alors à affirmer qu'il existe une pleine identité entre la vision religieuse et la vision politique, et ce, de façon atemporelle. C'est-à-dire qu'il ne s'agit nullement de la vision d'un État ou d'une Église particuliers, mais d'une maxime toujours applicable, d'un constat toujours valable. De fait, il existe une contradiction apparente avec l'autre distinction que Hegel opère. En effet, il affirme qu'à l'inverse, la forme de la vérité et de la raison diffèrent pour peu qu'ils soient considérés par l'État ou par l'Église. [...]
[...] Toutefois, la religion n'a pas de dogmes ni d'institutions bien précises. Elle peut inspirer le mode de vie, la morale par ses récits mythiques et l'édification que peut devenir la peinture d'un caractère vertueux. Quand bien même une partie de la vie publique s'organise-t-elle autour de cette religion, elle ne saurait constituer la base d'un enseignement et faire concurrence en cela à l'État. Mais dès lors qu'une religion dispense un enseignement et s'occupe de la formation des esprits, et que cette formation concerne des principes objectifs c'est-à-dire les éléments indispensables à notre réflexion et notre jugement, elle entre dans le domaine de l'État. [...]
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