La société contemporaine montre que le désir matériel est synonyme de plaisir, il convient donc d'acheter toujours plus pour satisfaire ses envies. Dans cette perspective le fait de désirer nous rendrait heureux.
La conception principale du bonheur confirme cette idée, si l'on entend par le désir, la réalisation d'un plaisir. En effet, le bonheur peut se définir comme l'accumulation de plaisirs, par conséquent désirer permettrait d'accéder à ce but ultime de bonheur.
Cependant, on peut aussi concevoir le bonheur comme ataraxie, c'est à dire comme l'absence de troubles. Or, le désir, dans son essence même est lié à un manque ; puisque j'ai conscience de ce manque, je désire le combler. Ainsi, la notion de désir est étroitement liée à la souffrance puisque cela signifierait comme l'être humain n'est jamais satisfait, qu'il est toujours à la recherche de quelque chose.
Un écueil à éviter consisterait alors à penser qu'il s'agirait d'une souffrance physiologique car il convient de bien différencié besoin et désir. En effet, ce dernier serait une souffrance de l'esprit puisque celui-ci prend conscience du manque dont il est l'objet.
D'après ces deux constatations, il semble donc judicieux de se demander si désirer est nécessairement souffrir. Le désir serait-il un mal de l'âme ? Désirer permettrait-il au contraire d'accéder au bonheur, d'être heureux ?
Nous allons tout d'abord examiner quelle est cette activité de désirer pour ensuite être à même de savoir si le désir est lié à la souffrance.
[...] Les désirs que nous aurons seront alors source de bonheur car ils seront fondés. Tous les désirs ne sont pas bons à réaliser car certains conduisent à une souffrance et sont eux-mêmes une souffrance. Cependant, pour un être qui aura faire preuve de raison, le fait de désirer le conduira au bonheur. Désirer, ce n'est donc pas souffrir si l'on s'ancre préalablement dans le monde réel car le désir est la source d'une action raisonnée qui procurera un plaisir futur. [...]
[...] Par conséquent, désirer, c'est poser des normes morales. En effet, le désir doit engendrer l'action et nous savons d'après Sartre que ce que nous faisons, c'est ce que nous pensons qu'il est bien pour nous et pour l'humanité toute entière. Ces valeurs morales qui nous régissent sont la matérialisation de notre liberté puisque être libre c'est agir selon la loi que je me suis fixée. En outre, ces valeurs morales sont légitimes, elles permettent, si je les respecte de me conduire à un certain bonheur. [...]
[...] Ce désir est insatisfait puisqu'il est impossible à réaliser (on ne peut s'approprier autrui). D'autre part, il y a souvent un décalage entre l'objet désiré et l'objet tel qu'il est en réalité. Partant de cette considération, Stendhal fera l'analogie du désir avec une branche initialement laide que l'on plonge dans de l'eau salée ; après quelques jours, la branche à cristallisée et s'avère être devenu un magnifique rameau. Pour Stendhal, le phénomène qui se produit chez quelqu'un qui désire est similaire : ce dernier imagine, transfigure l'objet de son désir de manière élogieuse, il métamorphose la réalité. [...]
[...] D'autre part, on rejoint également la thèse de Sartre, qui déclare : L'existence précède l'essence Cette formule, qui à elle seule résume la pensée du mouvement existentialiste montre que l'homme est condamné à être libre rien n'est déterminé à l'avance, l'homme devient par ses actes, il est entièrement libre de ses choix, ceci implique que l'homme est ce qu'il a projeté d'être. Il s'ensuit une certaine angoisse dont tout homme totalement libre est victime. Cette angoisse est bien sûr synonyme de souffrance. La conséquence directe de cette idée est que l'homme qui désire est en fait un homme qui matérialise sa liberté absolue puisque son désir induit des projets ; mais, ce faisant il est angoissé et en constant décalage avec le présent. Ces deux caractéristiques montrent bien que dans le fait de désirer il y a une certaine souffrance. [...]
[...] Ainsi, Freund demandait à ses patients de raconter en détail leur rêve en respectant la règle de non-omission. Le psychanalyste autrichien transfigurait alors le contenu manifeste du rêve en contenu latent, cela signifie qu'il découvrait le sens caché du rêve. Le contenu latent est la preuve que chaque rêve est la manifestation d'un désir (refoulé). Les patients de Freund souffraient de maladies psychanalytiques, toutefois, Freund a montré que le névrosé avait un schéma psychique identique aux hommes sains. Ainsi, chez tout individu, il y a un conflit constant entre son ça, son moi et son surmoi qui provoque le refoulement conscient ou non de beaucoup de désirs. [...]
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