Dissertation de Philosophie sur le sujet : "Doit-on souhaiter réaliser tous ses désirs ?". Le sujet porte sur le souhait lui-même. On souhaite ce que l'on se représente de bon ; le souhait porte sur but à atteindre. "Satisfaire tous ses désirs" sans exception est-il un but souhaitable pour l'être humain ? Est-ce une règle de conduite qu'il doit se proposer ?
[...] Mais cela nous conduit finalement plus à souhaiter tous ses désirs qu'à souhaiter les réaliser. Tous les désirs sa valent-ils pourtant ? Et une règle de conduite peut-elle ne poser aucune limite ? III) Ce souhait est dangereux et inutile. Régler sa conduite sur ses désirs mène à mépriser à la fois son bonheur et celui des autres : cela ne peut être une règle de conduite morale. Il ne faut pas souhaiter satisfaire tous ses désirs, car tous ne sont pas bons pour nous et pour les autres. [...]
[...] C'est aussi l'idée que défend Calliclès dans le Gorgias de Platon : la béatitude serait le bonheur des pierres ; le bonheur de l'homme est dans le mouvement que créent les désirs et leur satisfaction. Il faut donc satisfaire toutes ses envies dès qu'elles se présentent et quelles qu'elles soient. Les désirs nous définissent comme être humain et comme individu. Le désir est l'essence de l'homme, le moteur de son existence : Spinoza montre ainsi que le désir est une des formes du conatus, de l'effort que fait tout être pour persévérer dans son être c'est-à-dire pour exister pleinement. [...]
[...] On pourrait semble-t-il conserver ce souhait comme source d''espoir. Cependant, un souhait que l'on sait irréalisable paraît plus désespérant qu'agréable. En quoi cela peut-il être plaisant de souhaiter ce que l'on sait pourtant impossible ? Souhaiter être heureux nuirait paradoxalement à notre bonheur. Cependant, satisfaire tous ses désirs peut aussi se comprendre comme les satisfaire successivement et continuellement : dans ce cas, est-ce souhaitable ? II) Le bonheur réside dans la satisfaction successive de ses désirs : on doit en ce sens souhaiter tous les satisfaire. [...]
[...] Ce souhait est menacé dans sa réalisation. On peut constater rapidement que si le souhait est bon, la réalisation de ce souhait n'est pas assurée : elle supposerait premièrement que le désir ne renaisse plus, soit complètement assouvi, donc aboli. Or ceci est contraire à l'expérience humaine : il semble bien que le désir en général soit cyclique. Deuxièmement, Freud remarque dans Le malaise dans la culture que ce qui est le programme du principe du plaisir (avoir satisfait tous ses désirs) est irréalisable : d'abord cet état ne serait pas agréable parce que le plaisir ne peut être ressenti que par contraste avec la douleur ; ensuite le principe de réalité montre que tous nos désirs ne peuvent être satisfaits (car ils sont contrariés par l'ordre du monde ou de la société humaine ; on ne peut ni être immortel ni prendre ce qui nous plaît et n'est pas à nous). [...]
[...] On ne peut renoncer à certains désirs sans en souffrir. On pourrait en effet se demander si le fait de trier nos désirs ne va pas engendrer de la souffrance puisque certains désirs ne seront jamais satisfaits (parce qu'ils sont irréalisables ou immoraux). Si l'on peut renoncer par la raison à certains désirs sans frustration, il n'est alors plus utile de souhaiter les satisfaire tous, puisque l'on peut supprimer le manque non en réalisant le désir mais en y renonçant. [...]
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