L'opinion d'Oscar Wilde s'insère dans les mouvements artistiques du XIXe siècle. II faut la rapprocher de la doctrine de l'Art pour l'Art du Parnasse, en réaction contre les aspirations morales du Romantisme et les pressions sociales ou politiques qui aboutirent à des procès retentissants : celui de Madame Bovary, des Fleurs du Mal. II s'agit donc, comme souvent lorsque la citation proposée s'inscrit dans une polémique, d'analyser d'abord ce qu'elle peut contenir de juste, avant d'apporter d'autres arguments contraires ou plus nuancés.
Toutes les sociétés préservent la morale par des lois, par l'éducation, par la répression. L'art n'échappe pas à ce contrôle : autodafé et mise au pilon de livres séditieux, tableaux détruits ou interdits d'exposition, censure. Mais les rapports entre art et morale sont plus étroits encore : expression ultime de la beauté éthique, l'art a pour certains la mission de guider les foules. Pour d'autres, situé en dehors du bien et du mal, il échappe aux règles communes, parce que son essence est dans la beauté formelle. Ainsi Oscar Wilde écrit dans la préface du Portrait de Dorian Gray, récit des débauches et du crime d'un jeune homme : « L'appellation de livre moral ou immoral ne répond à rien. Un livre est bien écrit ou mal écrit. Et c'est tout. [...] L'artiste peut tout exprimer. »
L'art bénéficie-t-il vraiment du privilège d'échapper à toute censure ou blâme ? Joue-t-il au co
[...] N'est-il pas d'ailleurs le domaine de l'imagination, qui cherche la beauté hors du monde visible, dans la fantaisie pure ? Comment parler de morale devant les paysages lunaires de Tanguy où s'agitent mollement des êtres informes, ou en lisant Alice au pays des merveilles ? Certains artistes vont plus loin, réalisant le rêve flaubertien d'une œuvre qui ne repose que sur la beauté du langage. Les Parnassiens établissent le culte de la forme, l'essentiel étant le rythme, les sonorités, la versification. [...]
[...] L'auteur, dit le réquisitoire, met le poison à la portée de tous et le remède à la portée d'un bien petit nombre Le même argument peut être employé pour la violence. Pour la facilité de l'identification aux personnages, théâtre puis cinéma ont été particulièrement suspects de favoriser les vices par leur simple représentation. La protection des enfants, le refus des incitations à la violence ou au racisme restent encore de nos jours une raison de maintenir la censure. Rousseau reprochait d'ailleurs à La Fontaine, pourtant peu suspect dans les écoles, de ne pas être assez clair pour les jeunes cerveaux lorsqu'il fait manger l'agneau par le loup en se bornant à constater que La raison du plus fort est toujours la meilleure. [...]
[...] Pour d'autres, situé en dehors du bien et du mal, il échappe aux règles communes, parce que son essence est dans la beauté formelle. Ainsi, Oscar Wilde écrit dans la préface du Portrait de Dorian Gray, récit des débauches et du crime d'un jeune homme : L'appellation de livre moral ou immoral ne répond à rien. Un livre est bien écrit ou mal écrit. Et c'est tout. [ . ] L'artiste peut tout exprimer. L'art bénéficie-t-il vraiment du privilège d'échapper à tout censure ou blâme ? Joue-t-il au contraire un rôle dans la formation des consciences ? [...]
[...] Dire qu'un livre est bien ou mal écrit relève aussi de données historiques. Oscar Wilde s'inscrit historiquement dans un mouvement en faveur de l'art pour l'art, mais insiste sur une caractéristique importante, la beauté formelle. Elle ne recouvre cependant pas la complexité des rapports entre morale et art, toujours changeants et remis en cause. II reste que les œuvres les plus appréciées d'une époque répondent à ses aspirations profondes, éthiques ou esthétiques, qu'elles soient anciennes ou récentes : relative immortalité d'Homère pour sa peinture de la guerre ou du voyage initiatique, toujours émouvant et riche d'images, mode de l'existentialisme qui s'atténue, essor de Proust jugé d'abord futile et obscur. [...]
[...] Au-delà du bien et du mal : le style La recherche esthétique est le but de l'art Mouvement de l'Art pour l'Art Moraliser tue la poésie. II. Le style au service de la morale Les moralistes Les artistes attaqués se défendent souvent au nom de la morale. Cacher le mal nuit à tous. III. Des rapports complexes Les pressions de la société du temps L'évolution de la morale Les différents buts de l'art Dissertation Toutes les sociétés préservent la morale par des lois, par l'éducation, par la répression. [...]
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