Mais, en admettant que science et métaphysique aient en commun la recherche de la connaissance, et qu'elles se distinguent par leur objet, de cette distinction par l'objet de la connaissance découlerait alors une distinction au niveau de l'ambition : celle de la science serait moins élevée, ce qui expliquerait ses succès. La métaphysique, en faisant porter ses efforts sur l'être en tant qu'être, cherche en effet à découvrir ce que sont réellement les êtres, alors que la science s'attacherait à comprendre les lois qui régissent les phénomènes (...)
[...] L'intuition sans concept est aveugle, car si l'on ne fait que voir un être sans avoir la catégorie de l'identité, rien ne permet de conclure qu'il s'agit d'un seul objet, ni que ce sera le même si on le rencontre à nouveau plus tard. Il faut donc avoir la connaissance a priori que l'expérience peut être celle d'un événement pour que je reconnaisse dans la perception d'un bateau qui descend un événement, et que je ne reconnaisse pas un événement dans ma perception d'une maison : c'est en effet l'exemple que donne Kant dans la Critique de la raison pure (Analytique transcendantale, livre II, ch. [...]
[...] Les mathématiciens se donnent l'existence du pair et de l'impair et en tirent des conclusions par démonstration, mais ces conclusions perdraient toute valeur si l'existence du pair et de l'impair venait à être contestée. L'hypothèse dont parle Platon n'est pas celle de la méthode expérimentale, c'est-à-dire une proposition en attente de confirmation par un test expérimental : Platon dénonce ici le fait que les scientifiques ne font pas des hypothèses en attente de confirmation, mais attendent un point de départ de leurs hypothèses. [...]
[...] Pour Aristote, ainsi, science et métaphysique ne se distinguent pas fondamentalement : elles sont unies autour d'un même objectif, la connaissance, elles se complètent dans la mesure où la métaphysique pose les fondements de la science, et la méthode de la science a une signification métaphysique, ontologique plus précisément, on peut limiter la portée de la différence d'objet : certes, science et métaphysique n'étudient pas les mêmes objets, mais cette distinction vaut entre les différentes sciences sans mettre en cause leur statut de science. Le cas de la métaphysique est toutefois particulier. En effet, les autres sciences se limitent à l'étude d'un certain genre d'être : la physique, ainsi, se borne à la connaissance des êtres qui ont en eux-mêmes le principe de leur mouvement et de leur arrêt, ce qui exclut les êtres artificiels dont le principe est la production humaine. [...]
[...] Pourquoi ne pas se contenter de la science ? Le premier rôle de la métaphysique est d'étudier les principes : tout scientifique admet en effet un certain nombre de principes sans les justifier : Ce n'est pas au géomètre d'étudier ce qu'est le contraire, ou le parfait, ou l'Etre, ou l'Un, ou le même, ou l'autre, mais il se bornera à en poser l'existence comme principe de raisonnement (Métaphysique, livre Γ, 1005a12). C'est au-delà des bornes des sciences que prend place la métaphysique : Ainsi donc, qu'il appartienne à une science unique d'étudier l'Etre en tant qu'être, et les attributs de l'être en tant qu'être, cela est évident et Aristote précise quels doivent être les objets d'étude de cette science : Il nous faut dire maintenant s'il appartient à une science unique ou à des sciences différentes, d'étudier tant les vérités qui, en mathématiques, sont appelées axiomes, que la substance. [...]
[...] On a ensuite examiné cette distinction, avec Kant qui distingue nettement les objets de la science, les phénomènes, et ceux de la métaphysique, les idées de la raison. Cette distinction est cette fois ramenée à l'unité puisque Kant entend fonder une métaphysique comme science. Toutefois reste une différence : la métaphysique reste caractérisée par sa méthode. Serait-ce alors la méthode qui distingue fondamentalement science et métaphysique ? Et, si c'est le cas, peut-on établir une hiérarchie entre les deux disciplines en mettant en évidence la supériorité de l'une des méthodes sur l'autre ? [...]
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