La vision que l'on a de Pascal n'est a priori pas celle d'un auteur révolutionnaire. Sa défense du catholicisme, ses plaidoyers pour le respect des lois, semblent contrevenir à l'idée d'un auteur subversif. Cependant, il faut se souvenir que son œuvre a dérangé : "Les Provincialese n'ont-elles pas été mises à l'index ? La première édition des "Pensées" n'a-t-elle pas été expurgée de fragments jugés trop jansénistes ?
En outre, l'œuvre comporte des passages qui viennent contester la légitimité des pouvoirs, indiquer le côté relatif des lois, des coutumes, de la justice. N'aurait-on pas affaire, dès lors, à un texte dont la portée critique se fait extrêmement ambiguë ? En effet, les pensées semblent être porteuses d'une velléité subversive, sur le plan social comme sur le plan religieux. Cependant, il ne s'agit pas pour l'auteur de remettre en cause l'ordre de la Cité. La subversion se situe à un autre niveau : ce qu'il faut renverser, c'est l'ordre des préoccupations humaines, par la prise en compte du divin.
[...] Cependant, ce discours se veut-il vraiment destructeur et séditieux? II- Le maintien de l'ordre Force et justice Le discours pascalien, à partir de ce constat de relativisme, développe un paradoxe qui vient remettre en cause l'idée de subversion. Au fondement de l'ordre politique, point de justice, seulement la force. Le contrat social est fondé sur la libido dominandi (désir de dominer) que révèle Saint Augustin dans sa Cité de Dieu et qui est une forme de la concupiscence engendrant la tyrannie (fr. [...]
[...] Le discours pascalien est-il subversif? La vision que l'on a de Pascal n'est a priori pas celle d'un auteur révolutionnaire. Sa défense du catholicisme, ses plaidoyers pour le respect des lois, semblent contrevenir à l'idée d'un auteur subversif. Cependant, il faut se souvenir que son œuvre a dérangé: les Provinciales n'ont-elles pas été mises à l'index? La première édition des Pensées n'a-t-elle pas été expurgée de fragments jugés trop jansénistes? En autre, l'œuvre comporte des passages qui viennent contester la légitimité des pouvoirs, indiquer le côté relatif des lois, des coutumes, de la justice. [...]
[...] De même, le concept de tyrannie désir de domination universelle et hors de son ordre (fr. 54) désigne ceux qui veulent appliquer l'ordre du corps, de la force, à celui du cœur, de la foi. On ne peut dire je suis fort, donc on doit m'aimer Or c'est précisément le sens de la démarche entreprise par Innocent X. Au-delà de la subversion religieuse, c'est donc d'une sédition sociale, politique, dont le texte semble se faire porteur. La subversion sociale et politique En effet, ce sont tous les rapports que les hommes entretiennent dans la cité qui sont sujets à caution. [...]
[...] En cela, le discours pascalien rejoint l'étymologie de la subversion: il s'agit pour l'homme de retourner son regard vers lui-même, de renverser ses croyances vaines pour s'ouvrir à une vérité supérieure. Ainsi, l'apparence contradiction que le texte révèle entre dénonciation et acceptation de l'ordre humain se résout dans la prise en compte de l'ordre divin. Le bouleversement pascalien n'est pas une sédition, mais un changement de point de vue sur ce monde humain vain et précaire. Le discours des Pensées vise à déstabiliser l'être pour le conduire à Dieu, mais non à modifier la société à laquelle il appartient. [...]
[...] En cela, elles s'opposent à l'idée de destruction que connote la subversion. La paix sociale En effet, l'auteur des Pensées apparaît comme un farouche défenseur de l'ordre et de la loi. Marqué par l'épisode de la Fronde et par la guerre civile qu'elle a engendrée entre 1646 et 1652, il a pris conscience de la nécessité d'un pouvoir politique fort. Le raisonnement qu'il met en place est pragmatique: puisque les règles existent et qu'elles permettent aux hommes de vivre, il faut s'y plier. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture