Discours de métaphysique article VIII, Gottfried Wilhelm Leibniz 1686, substance individuelle, matière et forme, occasionnalisme, Malebranche, omnipotence divine, passions, conception de l'individu, commentaire de texte
Cet extrait de l'article VIII du "Discours de métaphysique" de Leibniz met en relief les caractéristiques métaphysiques de la substance afin d'éclaircir les parts respectives de dieu et de l'homme dans les actions de ce dernier. Les créatures possèdent-elles une force qui leur est propre et les pousse à agir ou leurs agissements sont-ils uniquement le fait de Dieu ? Est-il possible de concilier la matière et la forme, le général et le particulier au sein de la matière ?
[...] Ce premier problème, évoqué au début du texte, nécessite pour être résolu un éclaircissement du terme de « substance individuelle » qu'utilise Leibniz. Qu'est-ce qu'une « substance » ? Le mot grec « substancia » a servi à traduire deux mots qui sont « hupostasis » et « ousis » qui désignent respectivement un support, un substrat et une essence ou une nature ; « substancia » vient de « substo » qui signifie « être » ou « se tenir dessous ». D'autre part, selon Leibniz, toute substance est active, elle se caractérise par l'agir et est ce qui produit des effets – et est également, de ce fait, sujet des passions. [...]
[...] Chaque individu possèderait en lui la totalité du déroulement passé et futur de sa vie, ce qui participerait de sa particularité pure, de son unicité. Cependant, les hommes étant bornés à une connaissance uniquement a posteriori, basée sur l'expérience, ces notions complètes connaissables seulement a priori lui sont inaccessibles. Ainsi selon l'auteur, il n'y a alors qu'une conscience omniprésente telle que celle de Dieu capable de les connaitre. De fait, Leibniz présente les créatures en tant que substances individuelles agissantes possédant chacune une monade connue de dieu seul. [...]
[...] De fait, cette notion de « complétude » est une propriété de la substance, et même une caractéristique métaphysique de cette dernière. Cette « notion si accomplie » qui est le propre d'une substance individuelle « ou d'un être complet » – ce qui suppose que ce sont des synonymes – doit se présenter comme étant une sorte de définition exhaustive du sujet capable d'en rendre compte dans son absolue entièreté. La notion complète de la substance et qui en est la nature serait alors suffisante en tant qu'elle contiendrait en elle l'éventail des prédicats véritablement attribués au sujet. [...]
[...] Cette solidarité que propose l'auteur entre la substance et ses accidents est illustrée par l'exemple qui suit, et surtout elle met en avant le concept d'individu et laisse entendre alors qu'une étude de ce dernier, du particulier donc, est possible. Ainsi, « la qualité de roi qui appartient à Alexandre le Grand [ ] n'est pas assez déterminée à un individu et n'enferme point les autres qualités du même sujet ni tout ce que la notion de ce prince comprend », chaque individu correspond à une notion renfermant l'ensemble de ce qu'il est ; aussi la notion complète d'Alexandre III permet de le définir en lui- même et non plus au même titre que les autres rois. [...]
[...] On remarque d'abord la construction de l'extrait qui suit une progression logique, rendue transparente par des expressions telles qu'« or », « mais », « cela étant », etc. ; Leibniz pose les bases comme des évidences inébranlables et s'applique ensuite à bâtir son explication sur elles. En procédant ainsi, il met en lumière les faiblesses de son propre cheminement intellectuel afin de mieux les renforcer, donnant à ses conclusions une dimension purement logique. Si admettre certaines choses comme vraies permet d'éviter une régression à l'infini, peut-on pourtant autant considérer ces bases comme irréfutables ? [...]
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