Les civilisations sont des formes concrètes, historiquement constituées par des formes de la culture. Des membres de ces civilisations ont peu à peu développé un discours sur les civilisations et les formes symboliques de la culture – art, religion, Etat, entre autres– qui les constituaient via une interrogation et un jugement de l'autre civilisation, la voisine dans le temps et/ou dans l'espace. Ces discours se sont voulus finis, arrêtés, indiscutables – comme le discours sur les hérétiques au XIIè siècle par exemple qui ne pouvaient faire partie du Royaume sous prétexte que leur religion n'était pas celle de Rome. Mais cette forme de la culture qu'est le discours intolérant, donc par extension cette culture, a varié au fur et à mesure des discours contradictoires car opposés énoncés par les différents penseurs. L'argument qui énonce que la culture ne peut être que ma culture inclut nécessairement un « englobement » de toutes les civilisations et de leurs formes de culture, là où la confrontation des arguments semble laisser apparaître la possibilité d'autres arguments, d'autres discours sur les civilisations et sur les formes symboliques de la culture possibles, donc d'autres cultures. On peut donc légitimement poser le problème du discours sur la culture que l'on peut résumer comme cela : « Dire "c'est ma culture" est-il toujours un argument ?
[...] Le roumain, langue latine, est tout de même composé à près de 40% avec des mots d'origine slave, cela résulte de sa situation géographique qui l'enserre entre la Bulgarie, la Yougoslavie et l'Ukraine. Mais si ma culture englobe une autre culture, cela veut dire que cette dernière n'est en rien morte. C'est ce que développe Hegel dans sa Philosophie de l'Esprit, tome III de l'Encyclopédie des Sciences philosophiques. De plus, les formes symboliques de la culture énoncées par Cassirer sont en elle-même transhistoriques d'un point de vue transcendantal. On le voit bien : la forme de l'Etat, de l'art, ou de la religion a toujours existé, elles sont invariantes des différentes civilisations. [...]
[...] Et alors elle peut tenir un discours comme quoi sa culture peut être un argument. La culture ne peut en définitive n'être un argument que si l'argument se place dans le cadre d'un discours sur la culture c'est-à-dire de la culture sur elle-même car le discours est une forme du langage, forme symbolique de la culture qui serait transhistorique et universel. La diversité des cultures empêche le discours d'évoluer, amenant à une aporie certaine face à une confrontation qui ne peut aboutir, car en soi ce discours serait contradictoire, à savoir que la culture se nierait elle- même en reconnaissant sa différence avec l'autre culture. [...]
[...] Le discours sur la culture est lui-même un instant de la culture. En effet, le langage est une des formes symboliques de la culture. Le langage est propre à chaque civilisation qui a développé sa propre langue, aussi bien écrite que parlée. Hegel développe cela dans le chapitre sur l'Esprit subjectif de sa Philosophie de l'Esprit. Il met en relation la langue écrite et la langue orale, montrant une spécificité de l'esprit qui la parle ou l'écrit. Des Européens, qui commencent de parler chinois, sont précipités dans les plus burlesques malentendus On a donc bien un particularisme de la langue chinoise par rapport à des langues issu des indo-européens. [...]
[...] Et le discours énoncé une langue ne peut prétendre alors à s'imposer aux autres, car le langage est une multiplicité et ne peut souffrir l'unité : on le voit à l'évolution des langues : une langue qui a peu d'interlocuteurs n'évolue pas et finit par se mourir, d'où la disparition des langues aujourd'hui. Il convient d'observer un relativisme des cultures, en effet, on ne peut imposer sa culture. Il faut respecter la culture de l'autre, si différente soit-elle. La dénonciation d'une tentative d'imposer sa culture à un autre se traduit chez Diderot dans son Supplément au Voyage de Bougainville par une remise en cause de sa propre culture. Il critique le fait que la société européenne fait passer pour sauvage l'autre, sans véritablement le connaître. [...]
[...] La vraie culture suppose donc la négation du particulier. C'est en cela qu'un discours raisonné sur la culture paraît possible. Il n'y a en définitive pas de diversité de la culture, car rien n'est étranger à l'Esprit selon Hegel. Selon Cassirer dans sa Logique des Sciences de la culture, la vie de l'Esprit suppose un progrès constant La culture tout comme le développement de l'esprit est donc un processus qui mène vers l'universalité. L'homme cultivé est celui qui sait développer son esprit pour acquérir un esprit dit absolu selon l'expression de Hegel et qui répond aux trois grandes formes de la culture : art, religion, philosophie c'est-à-dire réflexion sur soi-même. [...]
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