Le sujet, tel qu'il est énoncé, semble présupposer le caractère et l'apport ambigus des différences. En effet, le statut des différences dans les sociétés n'a cessé d'évoluer au cours des derniers siècles. A des sociétés fondées sur les différences sous l'Ancien Régime, avec le système des Privilèges et des ordres, se sont substituées des sociétés démocratiques fondées sur l'égalité de tous. Néanmoins, les totalitarismes du XXème siècle ont remis en cause cette apologie de l'égalité. Les différences pourraient être définies comme un « caractère ou ensemble de caractères qui dans une comparaison, un ordre, distinguent un être ou une chose d'un autre être, d'une autre chose. » Les différences humaines peuvent ainsi être morales ou physiques. Mais comment mesurer l'apport des différences ? La richesse procurée par les différences ne peut évidemment pas être mesurée objectivement contrairement à des biens par exemple.
Cependant, nier toute valeur aux différences et ainsi au principe même de tolérance reviendrait à nier la valeur de l'autre. N'y a-t-il de richesse que dans les biens, qu'ils soient matériels ou immatériels ? L'enrichissement ne peut-il pas constituer une tendance générale à l'amélioration des sociétés ? Ne faut-il pas considérer les différences comme richesse pour concevoir la sérénité et la coexistence des sociétés ?
Tout l'enjeu consiste ainsi à définir l'apport des différences pour les sociétés et les individus.
[...] Il ne s'agit pas de nier cette différence, ou de prétendre l'oublier, mais d'en tirer parti. Car la vie se nourrit de différences; l'uniformité mène à la mort. Un individu petit ne pourra pas effectuer des tâches qui demandent d'être grand c'est pour cela qu'il a besoin d'autres personnes et inversement. Les différences au lieu de s'opposer se complètent pour former un ensemble plus performant. On a toujours besoin d'un plus petit que soi. En outre, l'individu se caractérise par un double processus, celui de s'intégrer à un groupe et celui inverse de marquer sa singularité. [...]
[...] Les différences sont dès lors stigmatisées, celles-ci sont synonymes de l'oppresseur. C'est avec l'article 1 de la Déclaration des droits de l'Homme et du citoyen du 26 Août 1789 que l'idéal démocratique va reléguer au rang de négligeable les différences : Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits. Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l'utilité commune. Ce processus est ce que Tocqueville a appelé l'égalisation des conditions les hiérarchies et les privilèges sont délaissés au profit d'une égalité entre des hommes qui se considèrent comme des semblables Cette égalisation des conditions touche tous les domaines : politique, social et économique. [...]
[...] Néanmoins, l'apologie des différences nous amène à nous poser la question du relativisme culturel. Si juger une culture en fonction de ses modèles de pensée apparaît comme étant de l'ethnocentrisme, la dérive vers le relativisme culturel semble aisée. Comment prôner des valeurs universelles sans être stigmatisé comme un ethnocentriste ? Faut-il renoncer à toute valeur universelle ? Y a-t-il incompatibilité entre différences et idéal démocratique ? * * * Les différences semblent ainsi s'opposer à l'idéal démocratique. Celles- ci peuvent en effet apparaître comme des remises en cause de l'existence de valeurs universelles. [...]
[...] Nos différences nous enrichissent-elles nécessairement ? Le sujet, tel qu'il est énoncé, semble présupposer le caractère et l'apport ambigus des différences. En effet, le statut des différences dans les sociétés n'a cessé d'évoluer au cours des derniers siècles. À des sociétés fondées sur les différences sous l'Ancien Régime, avec le système des Privilèges et des ordres, se sont substituées des sociétés démocratiques fondées sur l'égalité de tous. Néanmoins, les totalitarismes du XXe siècle ont remis en cause cette apologie de l'égalité. [...]
[...] Néanmoins, la psychose égalitariste des démocraties occidentales semble aller trop loin. D'après Léo Strauss dans Nihilisme et politique, c'est en voulant poursuivre la noble cause des droits de l'homme et de l'amélioration des conditions que le nihilisme allemand est né. L'universalisme, la société ouverte, est remis en cause. Léo Strauss fait une apologie des sociétés closes : les sociétés closes sont seules garantes du sérieux d'une société. Leur survie repose sur leur moralité, car sans moralité, ces sociétés seraient vouées à l'autodestruction. Il s'agit donc d'une atmosphère de tension nécessaire. [...]
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