Pour Bachelard, «Rien n'est donné, rien ne va de soi, tout est construit ». Dans son livre « La formation de l'esprit scientifique », ce philosophe a montré que pour rechercher les conditions psychologiques des progrès de la science, il est nécessaire de poser le problème de la connaissance scientifique en termes d'obstacles.
La philosophie, l'économie, la sociologie, la politique, et toutes les disciplines dites scientifiques, ont pour but de rendre compte de la réalité, de la manière la plus fiable et la plus objective possible. Un certain idéal de connaissance des phénomènes étudiés fait que, dans toute discipline, on se pose donc la question du Vrai. Pour établir une théorie, les chercheurs sont donc dans l'obligation de tenir des discours qui se veulent rationnels. Par conséquent ils se doivent d'utiliser des termes précis, définis au préalable. En effet, la logique ne suffit pas car elle peut très bien opérer sur des mots qui n'ont aucun sens. Ce qui va permettre de saisir la réalité, ce sont les concepts et plus que les notions.
Dans le langage courant, concept et notion sont souvent considérés comme synonymes. Pourtant, il existe bien une différence entre ces deux termes. La notion de concept et le concept de notion ne rendent pas compte de la réalité avec la même précision. Ces deux termes ne s'appliquent pas à un même niveau de connaissance. De ce fait, nous nous attacherons ici à montrer pourquoi il est nécessaire de passer de la notion au concept. Pour ce faire, nous procéderons en deux temps. Dans une première partie, nous mettrons en évidence les nuances existantes entre notion et concept. Nous nous focaliserons alors sur les problématiques de la précision et de la connaissance. Dans une seconde partie, nous traiterons de la nécessité de conceptualiser, à savoir pourquoi cette étape est essentielle pour tout « scientifique » cherchant à élaborer une nouvelle théorie.
[...] On voit donc qu'il est fondamental de passer de la notion au concept, de conceptualiser, pour construire une théorie. En effet, seul le concept s'inscrit dans un souci de rigueur. Il peut donc être considéré comme une base solide sur laquelle le savoir se constitue. Illustration des différents rôles joués par la conceptualisation Dans l'élaboration des théories, les concepts n'occupent pas toujours la même place. Les chercheurs peuvent outrepasser les notions et utiliser des concepts pour différentes raisons qui dépendent de la portée qu'ils veulent donner à leurs propos. [...]
[...] Par exemple, une largeur est un concept ; cette abstraction, nous permet d'envisager ce terme isolément alors qu'il n'est pas distinct de l'objet à quoi il se rapporte dans la réalité, il est alors possible d'étudier cet objet pour lui même. En effet, les concepts ont tendance à se substituer à ce que l'on perçoit immédiatement. Ils deviennent alors les fondations de l'univers intellectuel de l'être humain. Cette construction de l'esprit peut s'effectuer aussi bien a posteriori ou a priori. [...]
[...] La gravitation apparaît alors comme un concept scientifique, comme une idée abstraite Toutefois, qu'il puisse y avoir des concepts qui ne soient en aucune façon liés à des expériences est difficile à comprendre pour le sens commun. Le raisonnement ordinaire voudrait que tout objet intellectuel provienne directement ou indirectement de l'observable. Mais, l'esprit humain ne s'applique pas toujours à des événements ou des phénomènes extérieurs. Ainsi, l'homme trouve satisfaction à construire des entités abstraites, des concepts scientifiques, en vue de nouvelles connaissances. [...]
[...] Au nom d'un idéal de la connaissance, il est nécessaire d'évoluer d'une idée vague, fluctuante, à une définition précise qui servira de fondement, de principe ou d'idée explicative. On comprend alors pourquoi la conceptualisation, c'est à dire le passage de la notion au concept, est une étape essentielle lors de la théorisation. Nous avons choisi de nous orienter vers cette dernière spécificité du concept qui semble être en adéquation avec notre approche épistémologique de l'économie. Toutefois nous sommes bien conscientes que nous aurions pu aborder ce sujet sous d'autres angles, par exemple celui d'une réflexion entre linguistique et pensée (Saussure). [...]
[...] Kuhn désigne ce consensus par le terme de paradigme Le passage d'un paradigme à un autre, c'est à dire d'un concept à un autre, est la caractéristique principale d'une révolution scientifique. Par exemple, dans le domaine de l'économie, l'évolution des idées est marquée par la domination de paradigmes qui connaissent à certains moments des remises en cause. Cependant, la domination d'un paradigme est rarement aussi nette que dans les sciences de la nature. On constate en effet plutôt une coexistence, durable mais nullement pacifique, de plusieurs paradigmes qui s'affrontent sur des questions essentielles (théorie keynésienne et néoclassique par exemple). [...]
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