Pourquoi Platon a-t-il écrit sa philosophie sous forme de dialogue ? Cette question qui peut paraître secondaire nous apprend pourtant beaucoup sur le langage. En effet, c'est parce que le dialogue possède ce que nous pourrions nommer un pouvoir réflexif : c'est-à-dire nourrir sa propre réflexion de la réflexion d'autrui.
Il semble donc que le dialogue soit une forme élaborée de langage. Et pourtant, ne peut-elle pas être aussi la plus vide de sens ? Lorsqu'on «discute pour ne rien dire», le dialogue n'est là que pour conserver un lien avec une personne. Le dialogue serait donc à la fois la forme la plus signifiante et aussi la moins signifiante. Posons-nous alors la question de savoir si le dialogue est une forme privilégiée de langage ?
L'étymologie grecque nous renseigne sur le sens de dialogue. "Logos" signifie discours. Le dialogue est un discours à deux. Ordinairement, on oppose au monologue le dialogue. En cela il serait donc une "forme privilégiée de langage". La forme s'oppose au fond, c'est-à-dire au sens. La forme est donc l'aspect que revêt le sens.
[...] L'idée d'une pensée pure est justement absurde. Si nous ne pouvons énoncer clairement à nous même une pensée ce n'est pas parce que nous ne parvenons pas à mettre des mots dessus, mais car elle n'est justement pas assez précise. Nos pensées naissent toutes habillées (Oscar Wilde). Cela sous-entend bien que les mots ne sont pas postérieurs à la pensée. Mais revenons à cette idée de la pensée comme langage à soi même. Ne pouvons-nous pas considérer cela comme un dialogue ? [...]
[...] Le dialogue est-il une forme privilégiée de langage ? Pourquoi Platon a-t-il écrit sa philosophie sous forme de dialogue ? Cette question qui peut paraître secondaire nous apprend pourtant beaucoup sur le langage. En effet, c'est parce que le dialogue possède ce que nous pourrions nommer un pouvoir réflexif : c'est-à-dire nourrir sa propre réflexion de la réflexion d'autrui. Il semble donc que le dialogue soit une forme élaborée de langage. Et pourtant, ne peut-elle pas être aussi celle- là plus vide de sens ? [...]
[...] Le dialogue comme manifestation de langage sous un certain aspect. Mais forme peut aussi s'entendre comme l'idée d'une copie, un peu comme si c'était un langage à lui seul. L'idée que le dialogue possède les caractéristiques du langage à quelques différences prés. Le mot qui semble poser le plus de problème est privilégiée Est privilégié ce qui a un statut particulier, qui est à part, qui possède quelque chose en plus. Il y a donc une forme de supériorité, en dehors du commun. [...]
[...] La seconde objection est celle qui consiste à rappeler que le dialogue est le fait de deux personnes avant tout. Par conséquent, affirmer que tout dans le langage est dialogue, n'est- ce pas tuer la spécificité du dialogue et donc l'anéantir ? Si le dialogue est cette communication spécifiquement à deux, n'est-ce pas parce qu'elle permet d'atteindre certaines choses, qu'elle n'est pas un langage comme les autres ? Dialoguer c'est à la fois se confronter à l'autre, c'est-à-dire à la différence, mais aussi à soi même. [...]
[...] Et le langage (plus rigoureusement, le parler comme le pense Heidegger dans Etre et temps peut même être ce qui permet la connaissance de l'être. Il est ce qui permet la connaissance de l'être car il est un mode de l'existence. C'est la manifesteté de l'être. Dialoguer c'est donc d'une certaine manière accepter que l'autre vous appréhende, vous connaisse. Est-ce en cela que le dialogue est une forme particulière, privilégiée de langage ? Le langage n'est donc pas toujours dialogue puisque celui que nous entretenons avec nous même nous dupe sur le véritable dialogue. Nous pouvons évoquer ici une seconde raison. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture