Esthétique, sens de l'art, Beaux- Arts, oeuvre d'art, vérité
L'art a pour origine le terme grec techne, qui signifie ce savoir anticipant dans la nature des possibilités non naturelles en vue de les dévoiler. Les grecs n'établissaient qu'une différence de degrés et non pas de nature entre le déploiement artisanal et le déploiement artistique de la techne. Il faudra attendre le XVIIIe siècle pour que l'art prenne le sens qu'on entend aujourd'hui, à savoir le sens de l'art comme Beaux-Arts. En effet, c'est en 1750 que le terme d'Esthétique, qui deviendra au XIXe siècle la philosophie de l'art, apparaît, pour nommer la connaissance sensible, dans un ouvrage de Baumgarten. Manifestement, le sujet d'étude qu'est l'art pour la philosophie a donc nécessité la naissance d'une nouvelle discipline.
[...] C'est ce que l'on constate à travers la lecture des Leçons sur l'esthétique de Hegel. Le but de l'Esprit est de se connaître et se comprendre comme Esprit. Or au sein de l'œuvre d'art, l'Esprit se réfléchit lui-même et pour lui-même. En effet, l'artiste montre qu'il se sait comme conscience et donne à voir ce savoir de soi dans son œuvre. Ainsi l'art provient de notre manière d'être spirituelle, pour autant que l'Esprit contient en lui la possibilité et l'exigence d'un savoir de soi. [...]
[...] Avec Goodman, on développe notamment l'idée que l'art est révélateur du fait que l'on ne peut connaître que des constructions du monde et non pas le monde en soi. C'est le constructionnisme. En effet, on a vu que l'objet artistique se représente par un processus mettant en avant une propriété qu'il possède. Pour Goodman, c'est ce qu'on appelle le phénomène d'exemplification. Cela permet de mettre en avant certaines propriétés de l'objet. Mais le choix de la mise en avant de telle ou telle propriété dépend de l'observateur, autant que de l'artiste, qui dans sa manière de décrire l'objet, le change. [...]
[...] Il progresse avec lui, dans le temps. Et c'est cela, ce point commun, qui les soude. Mais comment cela se comprend concrètement dans l'œuvre ? L'enjeu ici va être de réconcilier, au sein de l'œuvre d'art, vérité et matérialité, vérité et fiction. En effet, c'est maintenant qu'on comprend le fonctionnement de l'Esprit dans la production artistique qu'on peut résoudre le problème posé précédemment : comment la fiction artistique peut elle révéler une vérité ? Hegel, pour y arriver, essaie de penser l'apparence. [...]
[...] Toute la difficulté du rapport entre art et philosophie ne réside- t-elle pas dans cette tension : à la fois la philosophie ne doit pas plaquer sur l'art une théorie à laquelle celui-ci devrait correspondre, et à la fois l'art ne peut être livré à lui-même ? Comment l'art, pour s'élever, doit-il faire appel à la philosophie ? Dans ce deuxième moment, on va montrer comment art et philosophie sont dépendants, et pourquoi ce n'est pas seulement la philosophie qui évolue en séjournant dans l'art. L'art, lui aussi, a besoin de la philosophie pour acquérir la dimension du sens. L'art, qui est de l'ordre du sensible, peut manifester une part de rationalité, mais c'est la philosophie qui donne à l'art la dimension du sens. [...]
[...] Cela dit, on s'expose à la possibilité que quelqu'un soit en désaccord. C'est parce que l'universalité du jugement ne repose sur aucune dimension conceptuelle. Ainsi l'universel esthétique est le seul à pouvoir accueillir la contradiction sans que celle -ci renie l'existence de l'universel. Ainsi cette exigence de l'universalité du jugement ne pourra jamais être achevée mais sera au contraire sans cesse à conquérir. La philosophie, en s'ouvrant à la considération de l'art à travers le jugement esthétique, permet donc à l'homme de se rappeler en permanence la nécessité de son rapport aux autres. [...]
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