La morale, nous enseigne qu'il ne s'agit pas seulement d'avoir des droits, mais aussi des devoirs. Le devoir en général est moral et tient compte d'autrui, sinon la question ne se poserait pas et nous agirions librement. Tenir compte d'autrui, c'est lui garantir une satisfaction, un bien-être minimal. Pourtant, comme le remarque Nietzsche dans sa Généalogie de la Morale, le devoir est contraignant et même cruel vis-à-vis d'autrui car il ne souffre pas de concessions et ne fait pas de cadeau à autrui (...)
[...] Le devoir de faire notre bonheur et non plus seulement le sien prend un sens politique. Il semble que l'époque moderne et les Lumières ont voulu suivre et retrouver l'ordre politique d'Aristote. Ainsi, lorsque Saint-Just affirmait le bonheur est une idée neuve en Europe Il entendait qu'il restait encore des obstacles économiques, sociaux et politiques que les démocraties devaient lever pour en assurer la diffusion à travers la société. A l'état de nature, c'est le plus fort qui l'emporte et impose ainsi sa conception du bonheur sur les plus faibles. [...]
[...] Certes pour Kant nous ne sommes pas heureux mais dignes de bonheur bonheur envisageable dans un autre monde. Comme personne ne se soucie de nous, il paraît légitime que chacun de nous détermine son propre bonheur. Suivant notre volonté, il est naturel de se déterminer suivant ce qui nous appartient et nous fait. Mais cette suffisance individuelle serait illusoire. Autrui est la composante essentielle du bonheur en ce qu'il me permet de réaliser mes objectifs. Cette vie avec autrui demande nécessairement un devoir d'assurer non seulement notre propre bonheur mais aussi celui des autres. [...]
[...] Comment pourrions-nous alors éprouver un profond bonheur ? Notre volonté doit s'y souscrire, c'est la faculté maîtresse à pouvoir surpasser toutes les autres pour en reprendre l'ascendance. Il revient donc à notre volonté de nous affirmer et de déterminer notre véritable bonheur, celui qui vient de nous. Ainsi, le stoïcisme relativise le bonheur par rapport, certes à l'individu, mais aussi par rapport à ce qu'Épictète reconnaît comme ce qui nous appartient et ce qui ne nous appartient pas Autrement dit, il faut pour chacun une juste reconnaissance de ce qui dépend de nous et de ce qui n'en dépend pas Ce qui dépend de nous concerne d'abord notre volonté, notre raison, notre désir, tout ce qui est de l'ordre de notre esprit. [...]
[...] Pour Épicure, le bonheur avant tout a un sens empirique. On le ressent avant de le concevoir. Autrement dit, on conçoit le bonheur sur la base de nos expériences corporelles et individuelles, ainsi le bonheur, c'est avant tout le plaisir corporel ou le rejet du déplaisir de même ordre. Le bonheur s'identifie alors à l'absence de troubles du corps permet l'absence de troubles mentaux. On peut alors et on doit être heureux si l'on suit la loi rationnelle de la nature, c'est-à-dire si l'on se contente d'assouvir des désirs naturels et nécessaires. [...]
[...] Est-ce que cette conception introvertie du bonheur est réaliste ? Le bonheur individuel est logiquement limité. Pour reprendre la conception du bonheur d'Épictète, celle-ci renvoie une idée bien étrange de la liberté si elle conduit à prétendre qu'un esclave sera heureux s'il accepte la servitude. Dans Les Passions De l'Ame, Descartes met en doute la sérénité des stoïciens à ne rien ressentir, d'une flamme de bougies rapprochées de leur corps. Pour lui, cette prétention ne semble pas réaliste. N'est pas non plus réaliste, la recherche d'un bonheur accompli, d'un bonheur absolu. [...]
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