Esprit, pensée, théorie du langage, mots, science, parole, humanité, stoïcien, poésie, Thomas Hobbes, Albert Camus, Aristote, Jean-Jacques Rousseau, Bertrand Russel, Jean-Paul Sartre, Edgar Degas, Emmanuel Kant, Stéphane Mallarmé
La théorie classique du langage repose sur une théorie des signes et des idées. Les signes sont des manifestations (la fumée est par exemple un signe du feu, ou un geste qui veut dire quelque chose par convention, comme un hochement de la tête latéral, signifiant dans la plupart des langues la négation) qui renvoient à une réalité : les sèmes (plus petite unité de signification possible), et a fortiori les mots, en tant que signes élus par convention, renvoient à quelque chose qu'ils représentent, non par nécessité, mais par contingence. En outre, les signes, ce peut être un être ou un objet existant in concerto (visible, palpable, ou de quelque manière empirique) ou une idée, d'existence abstraite.
[...] Notre pensée s'augmente donc quand on ne trouve pas les mots pour la dire : elle s'affine, cherche à se dire plus bellement et plus originalement : en trouvant des mots autres que ceux beaucoup usés et attendus, elle change sa constitution et se réforme, voire se révolutionne comme en poésie. De surcroît, les mots sont créateurs de pensées nouvelles et de visions uniques lorsqu'ils sont libérés de leur prison sémantique (ce à quoi œuvre la poésie), enfin ne servant plus uniquement à ce que Mallarmé appelait « l'universel reportage », pratiqué dans les journaux d'informations quotidiennes, et part à la recherche de l'inexprimé ou de l'inexprimable, bien d'entre les biens, délicatesse de beauté par l'esprit que les mots jalousent à la musique. [...]
[...] Par-là, nous avons précisé notre pensée : selon cet argument, la pensée sans mot pour l'exprimer ne dispose pas de la structure qui lui fait accéder à un sens qui peut se partager, qui n'est pas valable que pour un seul individu. Le langage discursif permet la diffusion de la pensée et assure la communication entre les êtres non dépourvus de raison. Le système des mots peut être imparfait, lorsqu'il n'est plus question du Verbe divin, mais du langage dont les hommes disposent : si, comme le dit Rousseau : « le langage figuré fut le premier à naître, le sens propre fut trouvé en dernier », c'est que le langage demande à être perfectionné, et que la civilisation régularise progressivement sa langue ; la socialisation exigée par ce processus ne peut être compatible avec la société de Babel où chacun parle sa propre langue. [...]
[...] ) donc à partir du moment où il y a pensée de quelque chose, si le mot fait défaut ce n'est qu'une contingence, il est créé au besoin de la pensée qui en commande la pleine nécessité. Nous aurions pu dire être mi-homme mi-cheval pour centaure, mais les mythes se perpétuant et cette image ayant trouvé consistance de réalité par sa perpétuation à travers les âges d'une culture, le mot centaure a été conservé, car il s'est trouvé utile pour désigner cette réalité de pure imagination. [...]
[...] Ensuite et au contraire, il s'agira de montrer la relativité des mots par rapport à la pensée : si notre pensée doit s'élever par les mots, certaines de ses formes paraissent pouvoir s'aventurer par-delà les mots. Les mots conditionnent l'existence de la pensée et la servent Pas de pensée sans mot : le Verbe, intelligence créatrice Les mots sont un moyen et par là même un biais pour exprimer les choses, ils en offrent donc une certaine représentation. Ils permettent la pensée discursive qui se crée et se déploie dans cet espace sien, celui du langage rationnel et articulé qui en vient aux mots. [...]
[...] Il y a des catégories d'êtres que le langage permet de penser, grâce à sa logique interne et systémique également. Penser aux catégories des mots que l'on emploie pour se figurer le réel, l'ordonner, le juger, c'est se donner l'occasion de penser au biais particulier d'une langue à travers la représentation qu'elle donne du monde par son esprit particulier. L'on devient alors davantage maître et possesseur de notre pensée à travers cette langue dès lors que l'on se met à saisir sa structure qui commande pour grande part les idées qu'il nous est permis d'avoir en son sein. [...]
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