La figure de l'homme déterminante est celle de l'Homo faber : être qui fabrique des outils. Cette définition rappelle que la technique n'est pas un phénomène récent. Elle semble en effet contemporaine de l'apparition et du développement de l'humanité (...)
[...] Autrement dit, le rapport de la technique avec les différents plans de la vie sociale n'a pas la simplicité qu'on imagine parfois. La technique n'est ni totalement indépendante des formes d'esclavages qu'une société produit, ni la cause directe de celles-ci. C'est l'étude de ces rapports qu'il conviendrait d'analyser encore. Il s'agit en fait de voir que le développement de la technique a non seulement profondément modifié notre manière de nous situer dans le monde et notre manière d'être, mais encore que ces modifications procèdent d'une essence de la technique, qui n'est en elle-même rien de technique. [...]
[...] III) La technique : moyen ou fin ? Au sens strict, le mot technique désigne toujours un ensemble de procédés, qui permettent de réaliser un but ; mais ils ne définissent pas ce but. C'est à la politique ou à la morale de décider quelles seront les fins au service desquelles des techniques pourront être mises en oeuvre. Un calculateur électronique peut servir une administration capitaliste et une administration socialiste ; un cyclotron est un outil très efficace en temps de guerre, niais il peut aussi servir en temps de paix- (H. [...]
[...] Il annonce la possibilité d'une technique dont le développement, loin d'être une fatalité pour l'homme, devrait libérer l'humanité, et la libérer, en particulier, de la souffrance du travail. Certaines inventions techniques feraient qu'on jouirait, sans aucune peine, des fruits de la terre et de toutes les commodités qui s'y trouvent Cette libération est aussi une libération de la maladie, voire du vieillissement lui-même : le progrès des techniques devrait permettre d'assurer un jour la conservation de la santé, laquelle est sans doute le premier bien et le fondement de tous les autres biens de cette vie C'est, enfin, une libération vis-à-vis de la nature en général, de cette puissance dont nous sommes les jouets malheureux tant que nous n'avons pas conquis sur elle le pouvoir que donne le savoir. [...]
[...] Toutefois le développement technique est également associé à diverses formes d'esclavages. L'application des machines est contemporaine d'une aliénation nouvelle, qui prend plusieurs formes. Être aliéné, c'est être dépossédé de la maîtrise de soi, de son propre travail, se trouver sous la dépendance de forces autres étrangères (en latin alius, alienus). S'il domine la machine, l'homme est aussi dominé par elle : il soumet ses gestes productifs à la rationalité de celle-ci. La division du travail qui accompagne le machinisme subordonne le travailleur aux conditions mécaniques de la production, aux mouvements de la machine, puis aux impératifs du développement technologique lui-même. [...]
[...] Cette définition rappelle que la technique n'est pas un phénomène récent. Elle semble en effet contemporaine de l'apparition et du développement de l'humanité. Elle désigne des procédés, outils, instruments, savoir-faire, par lesquels s'accomplit un certain travail, une modification ou une transformation consciente de la nature. Mais le développement technique ne désigne pas, d'ordinaire, les lentes évolutions des techniques artisanales au cours des siècles. Il renvoie essentiellement à l'extension considérable du machinisme depuis le XVIIIème siècle, et l'application croissante des sciences aux techniques par lesquelles s'effectue la transformation de la réalité, application autorisée à partir du XVIIème siècle par la naissance du mécanisme et le développement de la science expérimentale. [...]
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