Dans notre société dont les maîtres mots sont vitesse et efficacité, le détour est considéré comme une perte de temps, un luxe que seuls peuvent se permettre les oisifs, les improductifs. Pourtant le détour, dans bien des cas, a fait la preuve de son utilité, y compris dans des domaines où on ne l'attendait pas, comme l'apprentissage et la connaissance de manière générale. En quoi le détour aide-t-il à acquérir des connaissances ? Pour répondre à cette question, nous considérerons d'abord le détour comme complément à une pensée rationnelle systématisée puis comme manière d'appréhender les choses et les gens.
[...] En quoi le détour aide-t-il à acquérir des connaissances ? Pour répondre à cette question, nous considérerons d'abord le détour comme complément à une pensée rationnelle systématisée puis comme manière d'appréhender les choses et les gens. [1re partie du développement] Le détour est l'indispensable complément à une pensée rationnelle systématiquement mise en action. En effet, le champ du savoir est immense, il nécessite des approches variables. Mettre en place une méthode d'acquisition organisée et exhaustive tient de la gageure, se forger une culture générale n'est pas une simple affaire de liste de connaissances à engranger grâce à l'application de recettes toutes faites. [...]
[...] [Phrase de transition entre les deux parties] Le détour s'impose donc comme un mode de connaissance à part entière, avec ses usages particuliers. Mais, de manière plus large, il peut aussi être un mode de fonctionnement, une manière d'appréhender les choses et les gens. [2e partie du développement] Où logique et volonté restent impuissantes à expliquer ou à fonctionner, l'intuition, l'instinct, l'inconscient peuvent prendre efficacement le relais. Adamsberg, le héros de Fred Vargas, en est l'illustration parfaite : il est l'anti-Sherlock Holmes aux enquêtes scientifiques et à la rationalité toutes-puissantes. [...]
[...] Les créateurs, compositeurs, peintres, écrivains, etc., connaissent ce processus d'élaboration sinueux. Certains auteurs commencent à écrire sans savoir où ils vont, partant d'une image, d'un titre ou d'une phrase, comme Blaise Cendrars qui a annoncé à plusieurs reprises la parution d'un recueil de nouvelles dont il n'avait en fait que le titre, D'Oultremer à Indigo, et qu'il a écrit vingt ans après l'avoir annoncé. En bande dessinée, Marjane Satrapi nous montre l'exemple du détournement d'une oeuvre, la Pietà de Michel-Ange, pour en créer une nouvelle toute différente. [...]
[...] Dans la vie sociale, par exemple, nos sens saisissent parfois des informations qui nous renseignent sur les autres sans que la signification n'arrive jusqu'à notre conscience. L'intuition peut ainsi être un mode de fonctionnement tout aussi valable que la réflexion la plus cérébrale. Même la recherche scientifique a recours aux détours. On peut ainsi parler de scientifiques qui, au détour d'un hasard heureux, trouvent ce qu'ils ne cherchaient pas. De la pénicilline à la radioactivité, les exemples en sont nombreux, à tel point qu'un mot a même été forgé pour désigner le principe de découverte due au hasard : la sérendipité. [...]
[...] [Conclusion] Le détour s'affirme donc comme une aide précieuse dans l'acquisition de connaissances : il contribue à la formation d'une culture générale, il prend le relais de la pensée rationnelle dans des domaines où celle-ci s'avère impuissante, il joue un rôle déterminant dans les activités créatrices. Mieux, il définit aussi une manière d'être où l'intuition est prépondérante, où l'esprit d'ouverture et la curiosité intellectuelle se complètent pour favoriser découverte et acquisition de connaissances très diverses. Surtout, cette attitude est source d'enrichissement personnel. Accepter les détours est en définitive une manière d'échapper à la sclérose des idées reçues et des fonctionnements rigides pour affirmer sa liberté. [...]
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