Par "raisonnement paresseux" Cicéron entend la mise en oeuvre d'un discours d'apparence logique dont le but serait de justifier le fait de ne rien faire : ainsi, il serait inscrit dans l'ordre des choses que j'obtienne mon bac ; par conséquent, nul ne sert de travailler, et vice versa.
Un principe (du grec arché) est ce qui est à l'origine de quelque chose et qui en commande le développement. On parle aussi de "cause première" (...)
[...] Texte de Cicéron sur les méfaits de la croyance au destin ( ) les philosophes appellent “argos logos” [argument paresseux] un raisonnement qui nous conduirait à vivre dans l'inaction complète. La question se pose ainsi : le destin veut que tu guérisses de cette maladie, que tu fasses ou non appel au médecin, tu guériras ; de même si le destin veut que tu ne guérisses pas, que tu fasses ou non appel au médecin, tu ne guériras pas ; et ton destin réside dans l'une ou l'autre de ces possibilités : il n'est donc absolument pas besoin d'appeler un médecin.” C'est à juste titre qu'on a qualifié cette façon de poser les questions de paresseuse et d'inerte, car avec ce même raisonnement toute action disparaîtra de la vie. [...]
[...] Tous les raisonnements captieux de ce genre se réfutent de la même façon. tu fasses ou non appel au médecin, tu guériras” est un raisonnement captieux [captiosum] : il dépend en effet autant du destin d'appeler le médecin que de guérir. Comme je l'ai dit, Chrysippe qualifie cela de “confatal”. Carnéade rejetait tout cet ensemble et pensait que ce raisonnement manquait trop de solidité. Ainsi pressait-il Chrysippe de près, sans manifester la moindre mauvaise foi ; voici quelle était son argumentation : tout se produit par des causes antécédentes, tout se produit en s'enchaînant et en s'entrelaçant dans une liaison naturelle [omnia naturali conligationeconserte contexteque fiunt]; s'il en est ainsi, c'est la nécessité qui produit tout ; si c'est vrai, nous n'avons aucun pouvoir ; or nous avons un certain pouvoir ; mais si tout se produit par le destin, tout se produit par des causes antécédentes ; tout ce qui se produit n'est donc pas dû au destin. [...]
[...] Carnéade approfondit le raisonnement et fait remarquer que si tout est écrit, si rien n'est fondamentalement en notre pouvoir alors nous avons simplement l'illusion de choisir et le destin existe. Mais si nous avons réellement le pouvoir d'orienter notre action, alors le destin n'existe pas pour nous et les futurs sont réellement contingents. Pour Chrysippe, ce qui est en notre pouvoir, c'est de s'accorder avec le destin, de telle sorte à être le moins malheureux possible ; pour Carnéade, on peut changer le déroulement des choses. Il n'y a donc pas à proprement parler de destin. [...]
[...] D'après Carnéade, qu'est-ce qui est en notre pouvoir ? Corrigé Question 1 - Par raisonnement paresseux Cicéron entend la mise en œuvre d'un discours d'apparence logique dont le but serait de justifier le fait de ne rien faire : ainsi, il serait inscrit dans l'ordre des choses que j'obtienne mon bac ; par conséquent, nul ne sert de travailler, et vice versa. - Un principe (du grec arché) est ce qui est à l'origine de quelque chose et qui en commande le développement. [...]
[...] Paradoxalement, c'est mon ignorance de ce que le destin a décidé qui fait que je suis libre. Mais si les événements futurs sont contingents non pas seulement pour moi (du fait des limites de ma connaissances des rapports de cause à effet qui régissent la marche du monde), mais aussi en eux-mêmes (pas de destin, rien n'est écrit), alors ma liberté prend un tout autre sens. Dans le premier sens j'ai la liberté d'être en accord ou non avec le destin, la marche du monde telle qu'elle est inscrite dans le marbre ; dans le second sens, j'ai la liberté d'influer sur ce que le monde sera, je suis, au moins en partie, maître de ce que le monde sera demain. [...]
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