En juin 1940, le consul portugais de Bordeaux, Aristide de Souza Mendes, a
pris la décision de délivrer plus de 30 000 visas en quelques jours, avant l'arrivée des
Allemands, dont plus de 10 000 à des Juifs, malgré les ordres formels de Salazar. Il
l'a fait car il savait ce qui allait arriver avec l'occupation allemande : il avait été
auparavant consul en Pologne. Rentré au Portugal, il a été condamné et a fini sa vie
dans la misère. Cet acte type de désobéissance est le fait d'un homme, qui a pris ses
responsabilités au nom de principes qu'il considérait comme supérieurs aux lois en
vigueur. Bien qu'il ait été condamné par la suite car il avait agi contre les ordres du
pouvoir, ce diplomate est pourtant, soixante ans après, davantage considéré comme
un héros que comme un délinquant.
[...] La résistance civile contribue parfois à instaurer ou restaurer des formes autoritaires de pouvoir, par exemple si elle est dirigée par des leaders eux-mêmes autoritaires. Le caractère subjectif de la légitimité - Si chacun agit ainsi, n'y il pas un risque d'anarchie ? Comment mesurer qui a raison, qui est légitime, qui a des raisons légitimes de désobéir ? - L'acte engagé dans le cadre de la désobéissance doit être proportionnel aux conséquences de la loi contestée : c'est un autre enjeu essentiel par rapport à la légitimité de la désobéissance, difficilement estimable. [...]
[...] Walzer est plus radical : selon lui, la désobéissance civile peut rencontrer la violence. - A propos de la désobéissance civile : le désobéissant doit en principe accepter la sanction qui découle de sa désobéissance, mais accepterait-il la sanction de son acte s'il s'agissait de la peine de mort ou de la torture? 5 - Où se trouve la limite dans l'objection de conscience ? Même dans le pire des régimes, le résistant a-t-il le droit de saboter ou de tuer un ennemi ? [...]
[...] On l'a vu à travers l'exemple du consul portugais, la désobéissance à la loi peut revêtir un aspect légitime et respectable. Ce qui est légitime, c'est ce qui est fondé en raison et en droit. Dans tel cas, la désobéissance peut prendre différentes formes, dont il convient de préciser la signification et les nuances : la désobéissance civile est, selon John Rawls, un acte public, non-violent, décidé en conscience mais politique, contraire à la loi et accompli le plus souvent pour amener à un changement dans la loi ou bien dans la politique du gouvernement l'objection de conscience est un acte moral individuel de contestation qui n'est pas nécessairement politique. [...]
[...] Autrement dit, d'où la désobéissance aux lois tire-t-elle sa légitimité ? S'il semble clair que la désobéissance est un droit de résistance essentiel, sa légitimité pose toutefois problème dans de nombreux cas de figure La désobéissance est un droit, voire un devoir dans certaines situations Désobéir peut parfois être nécessaire, voire inévitable, afin de contester et de ne pas collaborer avec un gouvernement qui serait illégitime ou qui mènerait une politique illégitime dans un régime démocratique. La légitimité supérieure à la légalité Le droit à la résistance - La pensée de Henry David Thoreau est à l'origine de l'idée de désobéissance. [...]
[...] Enfin, la subjectivité de l'engagement dans une action de désobéissance semble prouvée, elle n'est toutefois pas à considérer comme extérieure à la politique : la désobéissance crée une épreuve de vérité, qui oppose des gouvernés aux gouvernants, ce qui peut constituer une sorte de rendez-vous citoyen proposé à la nation tout entière. Un tel débat contient une part de légitimité qui suffit à justifier l'existence de pareilles actions. [...]
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